Menu Fermer

Une vie passée du Boddhisattva Ksitigarbha


(Jataka)

Il y a extrêmement longtemps apparut un bouddha dont le corps physique avait déjà vécu quarante kalpas[1]. Son nom était « l’œil du lotus pur ». Après sa mort un grand arhat entreprit d’éduquer tout le monde. Ainsi visita-t-il un jour une gentille dame qui s’appelait « les yeux remplis de lumière ». Elle l’invita à manger et à la fin du repas l’arhat lui fit savoir qu’elle pouvait lui demander quelque chose si elle le souhaitait.

Alors elle lui dit : « Aujourd’hui c’est l’anniversaire de la mort de ma mère et je voudrais bien savoir où elle se trouve maintenant. »


L’arhat avec son œil du ciel put voir que la mère de cette dame se trouvait dans un chemin inférieur[2] et qu’elle y souffrait énormément.

Alors il demanda à la dame : « Qu’a bien pu faire votre mère pendant sa vie pour se retrouver dans un chemin inferieur en s’exposant ainsi à autant de souffrance ? »

Et la dame de répondre : « Ma mère aimait bien manger du poisson et des crustacés : elle les grillait, les cuisait à la vapeur ou encore les frisait. Elle en a mangé des milliers et des milliers. Maitre vénéré, comment puis-je faire pour l’aider ? »

L’arhat répondit : « Vous allez prononcer le nom du bouddha « l’œil du lotus pur », le saluer et dessiner son image. Ensuite vous saurez quoi faire. »

La dame suivit son conseil : elle se mit devant la statue du bouddha, prononça son nom, le salua avec beaucoup du respect, et finalement, elle demanda à quelqu’un de le dessiner.

La même nuit elle fit un rêve : le Bouddha apparut devant elle comme une montagne remplie de lumière dorée et l’informa que sa mère allait bientôt renaitre dans sa maison. Il lui promit également qu’il allait octroyer au nouveau-né le pouvoir de parler.

Peu de temps après une esclave de sa maison eut un petit garçon qui, a peine né, se mit à parler. Il dit à la gentille dame :

« Je suis ta mère et grâce à toi je suis sortie de l’enfer. Mais j’ai toujours un karma très lourd et c’est pour cette raison que je suis né dans une famille d’esclaves. Dans cette vie je ne vais vivre que treize ans et après je retournerai ensuite dans un chemin inferieur. Sais-tu comment me libérer des toutes ces souffrances ? »

Cette gentille dame se mit à pleurer et lui répondit : « Mais qu’as-tu fait pour te retrouver dans un chemin inferieur ? »

Le garçon esclave répondit : « J’ai tué, j’ai insulté, j’ai diffamé et j’ai fait du mal aux autres : les conséquences de mes actes m’ont renvoyé dans un chemin inferieur. Aujourd’hui je souffre beaucoup et je n’arrive pas à me libérer. »

La dame lui demanda : « Comment est-ce en enfer ? »

Et le garçon répondit : « Il y a tellement de souffrance que tu ne le croirais jamais ! »

Notre gentille dame pleura encore en entendant cela et elle alla devant la statue du Bouddha pour crier au ciel :

« Maintenant je fais un grand vœu : je veux que ma mère sorte du chemin inferieur et qu’elle n’ait plus jamais de souffrance. Moi, j’irai aider tous ceux qui souffrent dans les chemins inferieurs et j’aimerais que tous ces gens deviennent bouddhas : ce n’est qu’à ce moment-là que moi je deviendrai bouddha à mon tour ! »

Dès qu’elle eut fini de parler, le Bouddha se présenta devant elle pour la féliciter :

« Votre grand vœu est tellement touchant et d’une telle miséricorde ! Grâce à lui votre mère, après sa mort à treize ans, renaitra sur une terre céleste où elle recevra l’enseignement d’un bouddha. Ainsi deviendra-t-elle bouddha un jour. Alors elle aidera infiniment d’êtres sensibles. »

Cette gentille fille est le Boddhisattva Ksitigarbha, le grand arhat devint un grand boddhisattva dont le nom est « Sa pensée est infiniment grande » et la mère est devenue le boddhisattva de la libération.

Nous pouvons comprendre qu’un grand vœu a une portée énorme et que la motivation est d’une importance capitale. Par exemple, si quelqu’un est végétarien pour améliorer sa santé, il en recevra du karma positif pour rester en bonne santé. Si, par contre, s’il devient végétarien parce qu’il ne voulait pas tuer d’êtres sensibles et qu’il éprouve de la compassion à leur égard, il recevra comme karma de devenir bouddha un jour, mais aussi de rester en bonne santé. Ainsi la motivation est-elle capable de changer le karma : avec une motivation différente pour les mêmes actions on recevra un karma différent. Rappelons-nous également que si nous ne sommes motivés que par notre satisfaction personnelle, les conséquences risquent d’être très lourdes.


[1] Un kalpa équivaut à la durée de vie d’une planète.

[2] Vivre dans le corps d’un animal, un esprit affamé ou en enfer.