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Le bouddhisme: une philosophie, une pratique ou une religion?

Depuis des années le bouddhisme jouit d’une popularité croissante parmi le public occidental et est généralement considéré comme une philosophie orientale qui partage des points en commun avec la psychologie et l’éthique modernes.


On nous donne souvent des exemples de la manière dont certaines approches bouddhistes peuvent nous aider à vivre mieux, à jouir d’une plus grande tranquillité et à contribuer à notre paix intérieure. En ce sens, le bouddhisme est placé sur un pied d’égalité avec la psychologie moderne et acquiert même une aura « scientifique », ce qui alimente davantage sa popularité. Après tout, nous sommes nombreux à professer la science comme religion et un point de vue doit avoir un caractère scientifique pour que nous puissions lui donner notre crédit. Bien sûr, prétendre que le bouddhisme a un lien avec la science moderne n’est pas faux, car il s’agit d’une approche empirique, d’une recherche de la confirmation de certaines vérités par la pratique, ce qui coïncide avec l’approche utilisée en science.

Dans la mesure où la philosophie (du grec philo, « ami » et sophia, « sagesse ») consiste à étudier les questions fondamentales de l’existence humaine, on peut dire que le bouddhisme a des choses en commun avec elle : finalement le Bouddha explique la vérité sur le monde, ou plus précisément quelle est sa réalité. En même temps, nulle part dans les textes bouddhistes il n’est recommandé de se livrer uniquement à un raisonnement philosophique, car il est clair que les choses doivent être testées dans la pratique, et même si nous sommes absolument sûrs d’une certaine vérité, cela ne signifie rien tant que nous ne la confirmons pas expérimentalement. D’ailleurs, la même approche est utilisée en science.

Lorsqu’on parle de la pratique du bouddhisme, en général on mentionne la méditation, en particulier en relation avec le bouddhisme chan (zen). Souvent, du moins en Occident, la méditation est même citée comme la seule pratique possible du bouddhisme. C’est dû probablement au fait que la méditation est plutôt bien accueillie jusque dans la médecine occidentale, et en ce sens elle a aussi cette aura « scientifique » que nous avons mentionnée ci-dessus.

Par contre, si une personne se rend dans un centre bouddhiste ou devient membre d’un groupe bouddhiste, elle entendra bientôt parler du refuge dans les trois trésors, à savoir le Bouddha, le dharma[1] et le sangha[2]. Dans ce cas, il s’agit d’une cérémonie durant laquelle une personne devient officiellement bouddhiste, tout comme, par exemple, nous devenons chrétiens par le baptême. Dans les temples bouddhistes d’Asie, les gens allument des bâtonnets d’encens devant les statues du Bouddha et des bodhisattvas et les prient comme le ferait un croyant dans une église chrétienne. En ce sens, le bouddhisme est évidemment aussi une religion, du moins dans les pays pour lesquels il est traditionnel.

De ce qui a été dit jusqu’ici, il découle que le bouddhisme peut être une philosophie, une pratique et une religion en fonction de notre approche. En réalité cependant, pour les vrais pratiquants le bouddhisme est un mode de vie et, par conséquent, nous pouvons pratiquer à tout moment.

Qu’est-ce que cela veut dire? Tout simplement que dans le bouddhisme, une fois que nous avons pris refuge dans les trois trésors, nous pouvons recevoir, si nous le voulons, les cinq préceptes de base, puis les préceptes des bodhisattvas qui sont encore plus stricts et nous obligent non seulement à ne pas commettre de mauvais actes tels que le meurtre, le vol, l’adultère, le mensonge ou la consommation d’alcool ou des stupéfiants, mais aussi à ne pas forcer autrui à le faire, ou même à penser à de tels actes. En passant, cela inclut aussi le végétarisme: je peux vous assurer que ces préceptes incluent une interdiction stricte de manger de la viande, et si quelqu’un prétend être maître bouddhiste mais mange toujours de la viande ou boit de l’alcool, alors une telle personne n’a assurément rien à voir avec le bouddhisme. À propos, dans le Surangama Sutra, de telles personnes sont appelées des « démons ».

Mais revenons à la pratique: il est évident que si l’on veut respecter ces préceptes, il faut être concentré et essayer de pratiquer tout le temps, car sinon il est très facile de se tromper. De plus, les pratiquants du mahayana doivent pratiquer les six paramitas, ce qui nécessite également de la concentration et une pratique constante : si nous voulons être généreux ou tolérants, il est clair que nous devons profiter de chaque opportunité qui peut survenir à tout moment.

Bien sûr, la pratique du bouddhisme comprend également la méditation assise, les prostrations et la salutation du Bouddha, la confession, etc. Ces derniers peuvent être considérés comme des éléments religieux et ici il est important de souligner que, comme dans toute religion, la pratique du bouddhisme commence par la foi. En effet, pourquoi voudrions-nous pratiquer le bouddhisme si nous ne croyons pas au moins un peu à ses vérités ? En même temps, bien que nous commencions par la foi, il ne faut pas nous en satisfaire comme cela pourrait arriver dans d’autres religions. Au contraire, si nous suivons attentivement les instructions du Bouddha, nous atteindrons tôt ou tard l’illumination et serons capables de vérifier empiriquement si ce qu’il a dit était vrai. Cette approche rappelle ce qui se fait en science : à la fin, un scientifique n’entreprendrait pas d’étudier quelque chose s’il ne croyait pas qu’il était possible d’atteindre un résultat : il commence par la foi, mais ensuite il s’attendrait à recevoir progressivement des preuves qu’il est sur la bonne voie.

Il faut souligner cependant que dans le bouddhisme, prendre refuge dans les trois trésors ou recevoir les préceptes implique aussi un élément surnaturel : Prendre refuge nous donne confiance dans le fait que, dans nos existences futures, nous aurons à nouveau la chance de rencontrer l’enseignement du Bouddha et que nous ne nous perdrons pas dans les chemins inferieurs en devenant un animal ou un esprit affamé, ou en allant en enfer. Recevoir les préceptes, en revanche, permet au praticien de tirer des bénéfices beaucoup plus importants de leur respect que s’il faisait la même chose sans les avoir reçus. Selon des maîtres illuminés, recevoir les préceptes fournit également au pratiquant une certaine protection qui lui permet d’avancer mieux. Pour les pratiquants bouddhistes, le Bouddha Shakyamuni, le Bouddha Amitabha, le Bodhisattva Avalokiteshvara, le Bodhisattva Manjushri, le Bodhisattva Maîtreya et tous les autres existent vraiment même aujourd’hui et ils sont capables d’aider quiconque souhaite sincèrement suivre l’enseignement du Bouddha, s’il leur demande de l’aide. En ce sens, les cérémonies religieuses font également partie intégrale du bouddhisme.

Ici, nous nous permettons de vous donner un avertissement: il faut être prudent dans quelles cérémonies on participe, car dans certains courants du soi-disant bouddhisme tibétain il est possible de tomber sur d’étranges rituels sexuels ou des rituels qui servent à convoquer de divers démons. Tout cela n’a rien à voir avec le bouddhisme, même si les maîtres concernés peuvent prétendre le contraire. Il suffit de se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, le Dalaï Lama a interdit le culte de la divinité tibétaine Dorje Shougdèn après l’avoir lui-même pratiqué, ce qui montre clairement qu’il est possible que certains maîtres ne connaissent pas la pratique du bouddhisme autant qu’ils l’affirment.

Mais quel est le but du respect des préceptes, de la méditation, des rituels, de la pratique du bouddhisme en général ? Le but est de répondre à la question « quelle est la réalité du monde? », « quelle est la source de tout ? ». Celui qui parvient à répondre empiriquement à cette question, on dit qu’il a atteint l’illumination. Ici, nous pouvons ajouter que dans les sutras, il est dit que chaque être possède sa propre source, qui est appelée tathagatagarbha, alayavijnana et de bien d’autres manières encore, et qui met en œuvre la loi du karma, c’est-à-dire que cette source enregistre ce que l’être a fait et en fait apparaitre les conséquences lorsque les conditions nécessaires sont réunies. Tous les efforts du pratiquant visent à prouver ce vrai moi et donc à atteindre l’illumination. Ensuite, il faut comprendre comment exactement fonctionne ce tathagatagarbha, rembourser progressivement toutes les dettes karmiques, nettoyer le karma et établir de bonnes relations avec tous les êtres sensibles, de sorte qu’un jour le pratiquant puisse devenir bouddha. C’est loin de la thèse populaire d’aujourd’hui selon laquelle tout est vide et que c’est là la sagesse suprême. Malheureusement, de telles déclarations n’ont rien à voir avec le bouddhisme et, en fait, ne contribuent pas au développent spirituel du pratiquant, mais lui permettent seulement de se sentir un peu plus intelligent que les autres, renforçant ainsi son ego, ce qui ne manque pas de l’éloigner encore plus de la vérité.

Résumons ce qui a été dit jusqu’à là: le bouddhisme est avant tout une pratique dans la vie de tous les jours et comprend le respect de certaines règles, l’acquisition de vertus telles que la générosité, la patience, la diligence, etc., ainsi que la salutation du Bouddha, la confession et diverses autres pratiques encore. Il n’est pas moins important de suivre ce qui est écrit dans les sutras et de vérifier soigneusement si ce que notre maître nous enseigne correspond aux paroles du Bouddha ou s’en écarte.

Pour être considérés comme bouddhistes, nous devons prendre refuge dans le Bouddha, le dharma et le sangha. Il est également bien de recevoir ces préceptes que nous pensons pouvoir respecter. Ensuite, nous nous employons à pratiquer les paramitas: La générosité, la conduite juste[3], la tolérance, la persévérance, la concentration[4] et l’étude de la sagesse[5].

De cette façon, le pratiquant essaie d’atteindre l’illumination, c’est-à-dire comprendre et prouver ce qui est la source du tout. L’illumination est la septième étape de la pratique et une pierre angulaire sur le chemin du bouddhisme. Après son illumination, le pratiquant doit continuer d’augmenter progressivement sa sagesse et d’aider les êtres sensibles afin d’accumuler toujours plus de mérites, ce qui, à terme, lui permettra de devenir lui-même un bouddha

Nous vous souhaitons d’obtenir la foi dans l’enseignement du Bouddha et de commencer à pratiquer !

Amitofo.

[1] L’enseignement du Bouddha.

[2] La communauté des moines ou des pratiquants bouddhistes.

[3] Cela revient à respecter les préceptes.

[4] Ceci est la pratique de la méditation dont probablement la meilleure méthode pour l’homme contemporain est la nostalgie du Bouddha. Nous devons, d’ailleurs, faire très attention parce que certaines méditations pratiquées par les lamaïstes peuvent se révéler extrêmement dangereuses pour la santé mentale du pratiquant.

[5] La compréhension juste de l’enseignement du Bouddha qui permet d’éviter les mauvaises pratiques et rituels.