J’allai récemment rendre visite à une amie. J’y trouvai une femme pleine de colère envers certaines personnes de pouvoir habituées au mensonge et qui étaient parvenues à réduire ses libertés et à assombrir sa joie de vivre. Lorsqu’elle me vit, elle me demanda quel regard le bouddhisme portait sur ces gens qui fabriquent tant de mensonges pour asseoir leur pouvoir et accroître leur fortune.
Je lui racontai alors l’histoire d’un homme aveugle, sourd et muet, mais qui était né dans une famille extrêmement riche dont il était l’héritier. Sa sœur était allée demander au Bouddha Shakyamuni pourquoi son frère pouvait hériter à la fois de tels handicaps et de l’argent de sa famille. Le Bouddha lui répondit :
« Il y a fort longtemps, le frère d’un juge d’une irréprochable honnêteté et d’une grande générosité avait prêté une grande somme d’argent à un commerçant. Il avait demandé ensuite au juge d’être témoin de cette transaction. Peu après, il mourut. Son fils demanda donc au commerçant de rembourser l’argent, lequel s’y refusa, sachant bien que celui qui le lui avait prêté était décédé. Il se rendit auprès de la femme du juge et lui donna des bijoux et de l’argent afin qu’elle convainquît le juge que la transaction dont il avait bénéficié n’avait jamais eu lieu. Le juge refusa d’abord cette malhonnêteté, mais devant le chantage que lui imposa son épouse, il finit par accepter. Son neveu fut très déçu et affecté par cette décision que son oncle avait prise. »
Le Bouddha dit encore :
« Dès que le juge eut perdu la vie, il fut jeté en enfer, puis il passa cinq-cents existences dans des familles riches, mais, dépourvu des capacités de voir, d’entendre et de parler. »
Après que j’eus raconté cette histoire à mon amie, je lui dis que le juge avait eu un tel destin parce qu’il avait nié son propre parole, nié ce qu’il avait entendu et nié ce qu’il avait vu. Ainsi était-il devenu, aveugle, sourd et muet. Mais puisqu’il avait aussi été généreux, il avait pu se réincarner dans des familles aisées. Ainsi ceux qui mentent à autrui ont-ils des conséquences karmiques extrêmement lourdes. J’ajoutai qu’il ne fallait pas éprouver de colère envers ces gens-là, mais de la compassion. Ces mots que je lui dis apaisèrent un peu mon amie, et je lui proposai de prier pour ces êtres, afin que nous ayons avec eux de bonnes affinités karmiques et que, plus tard, ils puissent accéder à la sagesse bouddhiste.
Le karma est une réalité que nous ne pouvons nier.