Menu Fermer

De quelle manière un roi doit-il pratiquer les paramitas pour se libérer de la souffrance ?


Le Karunikarāja Prajñāpāramitā sūtra relate la rencontre du Bouddha avec le roi Prasenajit et quinze autres monarques présents à ses côtés. Prasenajit avait en effet demandé au Maître Suprême ce qu’il fallait faire pour apporter la paix à son pays. Ce sutra issu du bouddhisme mahayana est composé de deux chapitres et de huit sections, et évoque notamment la question politique et la question du tathagatagarbha, du vrai moi dont la nature est vide. Voici un résumé de ce sutra :

Seize rois se réunirent un jour autour du Bouddha Shakyamuni. Alors qu’il les enseignait, les rois lui demandèrent, pleins d’admiration, comment il avait pu accumuler tant de mérites et de sagesse.

« En vérité, leur dit le Bouddha, vous pouvez tous atteindre cette sagesse, parce que chacun de vous possède un vrai moi, et que ce vrai moi a la faculté de collecter toutes sortes de karmas, et qu’il est capable de créer et d’ouvrir les six chemins de la réincarnation, et les bhumis des bodhisattvas. Il contient toutes choses. Celui qui a compris ce que je viens de dire, il a vu le bouddha en lui-même. L’enseignement du vrai moi est l’enseignement du milieu. »

Le Bouddha expliqua ensuite quelle était la loi du karma et que, pour purifier ses karmas, la patience et la tolérance étaient des vertus inestimables. Alors le Bouddha expliqua quelles étaient les quatorze expressions de la patience et précisa que la patience était une clé qui permettait de dépasser la souffrance. Puis le Bouddha expliqua aux rois ce qu’est le chemin du milieu :

« Tout ce que vos sens perçoivent ne sont que des illusions, mais il est impossible d’accéder à la pratique sans ces illusions. Tout ce que perçoivent vos sens n’est pas le vrai moi, mais il est impossible de comprendre le vrai moi, dont la nature est vide, sans les illusions des sens. Le vrai moi agit avec la plus stricte équité, et la nature du mien est absolument identique à la nature du vôtre. Quiconque parvient à surmonter la souffrance que, par la loi du karma, son vrai moi lui manifeste, acquiert la sagesse. »

Alors les rois demandèrent au Bouddha comment ils devaient agir pour protéger leur pays :

« Nul homme ne vit dans un pays s’il n’a vécu par le passé des choses communes avec tous les autres membres. Tous les citoyens, s’ils veulent protéger leur pays, doivent mettre leur confiance dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Alors ils agiront vertueusement et maintiendront les préceptes, et leur pays sera protégé. Une telle pratique, en vérité, apportera aux citoyens de grands bénéfices. »

A ce moment-là les rois trouvèrent que les paroles du Bouddha étaient merveilleuses.

« Ce que j’ai dit résume la pratique des paramitas et peut vous conduire aux portes de la libération. Sept types de catastrophes peuvent toucher un pays : le Soleil ou la Lune, quand ils demeurent trop longtemps dans le ciel ; les étoiles quand elles subissent elles-mêmes des dérèglements ; les incendies ; le dérèglement des saisons ; les vents violents ; les dérèglements du cycle de l’eau, qui peuvent provoquer la sécheresse ou l’inondation ; les bandits et autres escrocs. Il existe trois causes principales qui président à ces catastrophes, qui peuvent elles-mêmes être réduites à une seule : cela vient de ce que le roi n’exerce pas le chemin juste, en sorte que les catastrophes qui s’appliquent à son pays sont en proportion de l’injustice de ses actes. »

Après qu’ils eurent entendu ces paroles, les rois promirent qu’ils appliqueraient dans leur pays ce que le Bouddha leur avait enseigné. Le vénérable Maître du Ciel ajouta alors :

« Vous devez maintenir cet enseignement, mais si vous pensez être supérieurs aux autres peuples, alors vous ne respectez pas mon enseignement. Si vos règles ne sont pas justes, alors vous ne respectez pas mon enseignement. Et si vous êtes généreux avec les moines, ou que vous bâtissiez des temples somptueux, si vos règles sont injustes, vous détruisez mon enseignement. Et si des moines poursuivent la fortune et la réputation, s’ils ne respectent pas mon enseignement, ils le détruisent. Et si un roi prétend respecter mon enseignement mais qu’il agisse d’une autre manière, il détruit mon enseignement. Or, le roi ou ses ministres, s’ils détruisent mon enseignement, sèment les graines qui peuvent détruire leur pays. Entendez bien ceci : s’ils agissent ainsi, les dieux tutélaires cesseront de les protéger, et ils hériteront de sombres conséquences karmiques. »