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Histoire des gens qui perdirent des proches

Cette fois nous vous présentons deux histoires, la première faisant partie des Jatakas :

« Un père était devenu fou de chagrin parce que son fils venait de décéder. Il se mit alors à le chercher partout en ouvrant les portes des maisons et en criant : « Mon fils, reviens me voir ! ». Passant de maison en maison, il arriva finalement au monastère du Bouddha où il continua à ouvrir les portes et à crier. Quand, enfin, il se retrouva devant le Bouddha, il lui dit :

« Je suis déjà âgé et j’avais un fils qui était tout jeune. Il vient de mourir et je ne sais plus quoi faire : je le cherche partout. »

Dès qu’il eut fini de prononcer ces mots, il se remit à ouvrir les portes et à crier.

Alors le Bouddha le rappela et lui dit :

« Vous avez de l’attachement à cause de l’amour que vous portez à votre fils, et cela vous a fait perdre la raison. S’il y a une rencontre, il est sûr qu’il y aura aussi une séparation. Si un attachement apparait, un jour cet attachement disparaitra : il n’est pas durable. Si vous avez encore des affinités karmiques avec votre fils, tôt ou tard vous le rencontrerez de nouveau parce que chacun d’entre nous possède un vrai moi qui stocke les affinités karmiques et permet de rencontrer les personnes une fois que les conditions nécessaires seront réunies. »

En entendant les paroles du Bouddha, cet homme put récupérer ses facultés mentales et se rendit compte que son attachement n’était que temporaire. Il remercia le Bouddha et partit. »

La deuxième histoire est décrite dans l’Agama Sutra :

« Une dame perdit son fils et vint voir le Bouddha. Ayant entendu qu’il possédait des pouvoirs surnaturels, elle lui demanda de ressusciter son fils.

Alors le Bouddha lui dit :

« Allez demander dans toutes les maisons du royaume, et si vous trouvez une famille qui n’a jamais perdu un proche, demandez-lui qu’elle allume pour vous une torche, et ramenez-la-moi. Je redonnerai alors la vie à votre fils. »

La dame chercha dans tout le royaume, mais en vain : toutes les familles avaient à un moment ou à un autre perdu un proche.

Malgré son échec elle décida de tenter sa chance : elle prit le corps de son fils décédé et alla voir du nouveau le Bouddha. Elle lui dit qu’elle aimait énormément son fils et était prête à sacrifier sa vie pour lui.

Dès qu’elle eut fini de parler, quatre flammes apparurent autour d’elle et commencèrent à la toucher légèrement de temps en temps. Elle eut très peur et essaya de se protéger avec le corps de son fils.

Alors le Bouddha fit disparaitre les flammes et dit :

« Vous avez dit que vous aimiez votre fils plus que votre vie, mais dès que vous avez été en danger, vous avez utilisé son corps comme bouclier contre les flammes. Est-ce que vous aimez vraiment votre fils autant que vous le prétendez ? Ce que vous aimez, c’est juste une idée de votre fils. Finalement, vous vous attachez à vos propres sentiments et la preuve en est que vous étiez prête à sacrifier son corps pour sauver votre vie. »

Le Bouddha rajouta :

« Si de petites flammes comme celles-ci vous font déjà peur, comment allez-vous faire si vous êtes confrontées aux flammes de l’enfer qui sont mille fois plus fortes ? »

En entendant ces paroles, la dame comprit et demanda au Bouddha comment éviter de se retrouver en enfer.

Le Bouddha lui répondit :

« Il faut avoir une conduite juste et pratiquer la générosité et la tolérance. Cela vous évitera de tomber dans l’un des trois chemins inferieurs : devenir animal, devenir fantôme ou se retrouver en enfer. »

Après sa conversation avec le Bouddha, la dame atteignit le premier fruit d’arhat.

De ces histoires nous pouvons tirer trois conclusions :

  1. Les gens ne comprennent pas la séparation, ils pensent qu’ils ont perdu quelque chose et pour cette raison ils sont tristes.
  2. Les gens pensent que la famille fait partie de leur être, et quand ils perdent un proche ils pensent donc qu’ils ont perdu une partie d’eux-mêmes.
  3. Tous ces attachements ne sont que des attachements au moi parce qu’on s’imagine qu’on peut posséder sa famille et ainsi, on met notre moi au centre de l’univers. On ne s’attache pas vraiment aux autres, en réalité on s’attache à nos propres sentiments, aux idées qu’on se fait de ceux qu’on dit aimer.

Si une personne arrive à comprendre cela et à se détacher de ses sentiments, elle a déjà fait le premier pas sur le chemin de la libération.