
Conference No 3 (Vidéo sur Youtube)
Du Maître ZhenLi
Chers bodhisattvas, Amitofo!
Auparavant, nous avons brièvement présenté « Le vrai sens des Agamas » du Maître Pingshi Xiao. Dans cet ouvrage, il a introduit les pratiques contemplatives de notre bouddhisme, en particulier la contemplation permettant de briser la vue erronée du moi. C’est pourquoi nous disons que « Le vrai sens des Agamas » peut aussi être considéré comme une méthode de contemplation du bouddhisme empirique.
Dans notre précédent épisode, nous avons également expliqué que la contemplation est en fait étroitement liée aux recherches actuelles sur la mémoire. Les contemporains sont incapables de résoudre cette question, car elle relève des mystères de la vie. Le Bouddha a utilisé une méthode très scientifique, qui consiste à disséquer le « nom et forme » (nama–rupa) qui peut être disséqué. Tout ce qui peut être disséqué ne peut servir de lieu de stockage pour la mémoire.
Ainsi, le Bouddha a employé la méthode de méditation du nirodha–samapatti (le samadhi de la cessation) pour sectionner ces dharmas mentaux intérieurs, c’est-à-dire pour sectionner ces dharmas du « nom ». Comment procéder à cette dissection ? En utilisant la méthode du samadhi de la cessation, qui consiste à contrôler l’existence des six consciences, et finalement à parvenir à les éliminer, utilisant cette méthode pour disséquer le nom et la forme. C’est pourquoi nous disons que la méthode contemplative du bouddhisme empirique étudie également la mémoire, ce qui revient à pratiquer simultanément une dissection psychologique.
Dans notre dernière leçon, nous avons expliqué que les « cinq agrégats soumis à l’attachement » (panca-upadana-skandha) sont analysés à l’aide des six consciences, permettant finalement d’observer les facteurs mentaux de la sensation (vedana), de la perception (samjna) et de la volition (cetana) des six consciences. Ces trois facteurs – sensation, perception et volition – sont appelés « facteurs mentaux universels » (sarvatraga) et sont distincts des agrégats de sensation, de perception, de processus et de conscience parmi les cinq agrégats, car ceux-ci appartiennent à la catégorie des objets spécifiques (viniyata). Nous pouvons donc dire que les cinq agrégats soumis à l’attachement mentionnés dans les Agamas constituent le fondement le plus ancien de ce que nous appelons l’école Yogacara (Rien-que-Mental).
Ainsi, les six types de la sensation, les six types de la perception et les six types de la volition font en réalité référence aux facteurs mentaux universels. Car le facteur mental de volition ne discrimine pas les objets spécifiques, et bien que la sensation et la perception discriminent les objets, elles sont liées à chacune des consciences – c’est-à-dire à chacune des six consciences. Elles ont chacune leurs propres objets de discrimination et leurs propres domaines de fonctionnement.
De plus, tout cela est lié à la racine mentale (manas). C’est pourquoi les sravakas, par l’entraînement au samadhi de la cessation, peuvent percevoir approximativement le contenu de la racine mentale (manas), mais ils ne peuvent pas véritablement réaliser la racine mentale, ni comprendre ce qu’est le dharma profond, subtil et de grande lumière.
Nous pouvons examiner un passage des écritures pour comprendre comment les sravakas perçoivent la racine mentale (manas). Voici un extrait du Madhyama Agama, volume 58 :
[Il demanda à nouveau : « Vénérable Kausthila ! Les cinq facultés sensorielles ont des fonctionnements différents et des domaines différents, chacune percevant son propre domaine. La faculté de l’œil, celle de l’oreille, celle du nez, celle de la langue et celle du corps ont des fonctionnements différents et des domaines différents, chacune percevant son propre domaine. Qui reçoit l’ensemble de ces domaines, et sur quoi s’appuient ces cinq facultés ? » Le Vénérable Maha Kausthila répondit : « Les cinq facultés sensorielles ont des fonctionnements différents et des domaines différents, chacune percevant son propre domaine. La faculté de l’œil, celle de l’oreille, celle du nez, celle de la langue et celle du corps ont des fonctionnements différents et des domaines différents, chacune percevant son propre domaine. C’est le mental manas qui reçoit l’ensemble de ces domaines, c’est sur le mental manas qu’elles s’appuient. »]
Dans ce dialogue, Kausthila répond à cette question. Il explique que les cinq facultés sensorielles fonctionnent chacune dans leur propre domaine. Ce fonctionnement distinct de chaque faculté dans son propre domaine correspond aux « facteurs mentaux universels »[1]. Bien que chacune fonctionne séparément, nous percevons clairement une expérience unifiée du corps et de l’esprit ! Qui peut donc percevoir les domaines distincts de chacune de ces cinq facultés ? MahaKausthila répond que c’est en fait la racine mentale (manas) ! La racine mentale peut percevoir le fonctionnement distinct de chacune des cinq facultés et leurs domaines respectifs, et c’est ainsi que nous comprenons : « Oh ! Il y a ce domaine, et cela s’appelle la conscience mentale (manovijnana). » C’est essentiellement ce que cela signifie.
En effet, les grands arhats peuvent déduire l’existence de la racine mentale (manas), car ils savent clairement que les six consciences peuvent être éliminées. Lorsque les six consciences sont éliminées, ils peuvent néanmoins sortir du samadhi de la cessation (nirodha–samapatti). Cela démontre clairement qu’au-delà des six consciences, il doit exister un autre esprit capable d’apparaître et de disparaître, et cet esprit est la racine mentale (manas) ! C’est ainsi qu’ils déduisent l’existence du manas.
Dans les Agamas, les sravakas ont donc connaissance de l’existence du manas comme dharma, mais comment la connaissent-ils ? Ils doivent passer par la méditation. Cela signifie que les sravakas ne peuvent connaître la septième conscience que par les paroles du Bouddha.
Quant à ce qu’est le dharma profond, subtil et de grande lumière, ils s’appuient uniquement sur les enseignements du Bouddha, qui dit : « Oh ! C’est un dharma. » Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Ils ne le savent pas ! Voilà jusqu’où va la connaissance des huit consciences chez les sravakas.
Mais une telle compréhension suffit-elle pour développer les capacités du Grand Véhicule ? Non ! Car cette sagesse est insuffisante. Comme ils doivent passer par l’observation méditative pour réussir, leur sagesse reste limitée. C’est pourquoi le Bouddha a dû établir séparément le dharma des pratyekabuddhas (bouddhas solitaires). Il fallait que les sravakas passent également par la réflexion et l’observation des pratyekabuddhas pour acquérir une compréhension un peu plus profonde de la huitième et de la septième conscience. C’est pour cette raison que le Bouddha a établi séparément le dharma des pratyekabuddhas.
Sur ce tableau ci-dessous, nous voyons comment les pratyekabuddhas (bouddhas solitaires) analysent la vie en termes de nom et de forme (nama–rupa). Grâce aux causes et conditions internes, ils divisent la vie en six éléments. Ces six éléments, à travers le maillon des six entrées sensorielles, sont ensuite analysés et forment le maillon des six types de conscience. Puis, à travers le maillon du contact, les six entrées sont divisées en douze bases sensorielles, transformant ainsi les six entrées en douze bases sensorielles qui, ajoutées au maillon des six types de conscience, forment les dix-huit éléments (dhatu).

En prenant compte de ces dix-huit éléments, en s’appuyant sur les maillons des formations karmiques, de la sensation et de l’envie, et en ajoutant la pratique du samadhi de la cessation, les pratiquants peuvent finalement procéder à la contemplation des cinq agrégats et des cinq agrégats soumis à l’attachement. Ils divisent ultimement la vie en « six groupes de six », soit trente-six dharmas, atteignant ainsi la réalisation d’un pratyekabuddha. Ils comprennent plus profondément la structure de la vie. En fait, quand nous parlons de recherche sur la mémoire et d’anatomie psychologique, l’objectif est précisément de comprendre quelle est la structure de la vie.
Examinons ce passage de l’Ekottara Agama, volume 29, où dans le dharma des pratyekabuddhas, le Bienheureux divise l’être humain en six éléments, puis, selon les six entrées, en six consciences :
[Le Bienheureux dit : « Comment appelle-t-on la loi des six éléments ? Les moines doivent savoir que l’être humain constitué de six éléments est né de l’essence vitale du père et de la mère. Quels sont ces six éléments ? Ce sont l’élément terre, l’élément eau, l’élément feu, l’élément vent, l’élément espace et l’élément conscience. Voilà, moines, ces six éléments. Le corps humain est né de cette essence vitale et possède six entrées. Quelles sont-elles ? Ce sont l’entrée de l’œil, l’entrée de l’oreille, l’entrée du nez, l’entrée de la langue, l’entrée du corps et l’entrée du mental. Voilà, moines, ces six entrées obtenues par les parents. En dépendant de ces six entrées, il y a six types de conscience. Quels sont-elles ? Dépendant de la conscience visuelle, il y a la manifestation de la conscience visuelle ; il en va de même pour la conscience auditive, la conscience nasale, la conscience gustative, la conscience corporelle et la conscience mentale. Voilà, moines, ce qu’on appelle les six types de conscience. »]
À partir de ce passage, nous pouvons comprendre que le dharma des pratyekabuddhas (bouddhas solitaires) divise la forme matérielle (rupa) de façon plus précise. Auparavant, nous avons vu que dans les cinq agrégats, l’accent était mis principalement sur la distinction des dharmas mentaux, divisant le nom (nama) en sensation, perception, formations mentales et conscience. Mais concernant l’agrégat de la forme, on le divisait seulement en quatre éléments : terre, eau, feu et vent.
Cependant, dans les six éléments, la forme matérielle est divisée en terre, eau, feu, vent et espace – cinq éléments au total. Cela montre que le dharma des pratyekabuddhas a une compréhension de la forme matérielle supérieure à celle des sravakas. Mais concernant le maillon de la conscience, ils utilisent la méthode des six entrées pour le diviser, ce qui devient les six consciences après cette division.
Les pratyekabuddhas aux facultés aiguisées peuvent rompre la vue erronée du moi grâce à la méthode des six éléments. Mais si leurs facultés sont un peu plus émoussées, ils doivent passer par le maillon du contact. Qu’est-ce que le maillon du contact ? C’est le maillon qui suit celui des six entrées. Pourquoi y a-t-il contact ? C’est parce qu’il y a les six entrées internes et les six entrées externes. Les six entrées internes sont les six facultés sensorielles : œil, oreille, nez, langue, corps et mental. Les six entrées externes désignent les six objets sensoriels : forme, son, odeur, saveur, toucher et phénomènes mentaux. Le contact entre les six facultés et les six objets produit le phénomène des six entrées. Ainsi, le maillon du contact explique le contenu des douze bases sensorielles.
Bien sûr, ce maillon du contact comprend également la connaissance de l’agrégat de la perception, car après le contact vient la sensation, produisant ainsi le maillon de la sensation.
Si l’on remonte avant le nom et la forme, on trouve le maillon de la conscience, et si l’on descend, on trouve les six entrées, ce qui permet de distinguer les six éléments. Si l’on descend encore, on arrive au maillon du contact, qui devient les douze bases sensorielles. En combinant ces maillons, on obtient les dix-huit éléments, permettant de rompre la vue erronée du faux soi.
Ainsi, pour les pratyekabuddhas aux facultés légèrement plus émoussées, il faut passer par les dix-huit éléments pour rompre la vue erronée du faux moi. Mais est-ce que tout s’arrête après avoir rompu cette vue ? Non. Ils doivent encore faire des distinctions selon les maillons de la sensation, des formations karmiques et de l’envie, puis pratiquer la contemplation des cinq agrégats et des dix-huit éléments.
Nous voulons souligner un point important : ne pensez pas que les facultés sensorielles (racines) et leurs objets (objets de conscience) soient des concepts simples. En réalité, ils sont très complexes et impliquent la méthode de contemplation du bouddhisme pratique. Nous pouvons examiner un passage des écritures pour le prouver :
« À ce moment-là, le Bouddha dit aux bhikkhus : « Je vais vous expliquer deux dharmas. Écoutez attentivement et réfléchissez bien. Quels sont ces deux dharmas ? L’œil et la forme visible sont deux dharmas qui constituent une paire. L’oreille et le son, le nez et l’odeur, la langue et le goût, le corps et le toucher, l’esprit et les phénomènes mentaux forment des paires de dharmas. Il s’agit à chaque fois de deux dharmas. Si des ascètes ou des brahmanes disent : ‘’ Ce ne sont pas deux dharmas : le Sramana Gautama se trompe quand il dit qu’il y a deux dharmas. ’’ Ceux qui parlent ainsi en se fondant sur leur propre opinion ne font que parler sans comprendre, augmentant leur confusion, car ils sont loin de comprendre. »
Cet extrait est tiré du Samyukta Agama, volume 8, sutra 213. Ici, le Bouddha souligne particulièrement que les « racines » et les « objets de conscience » sont deux dharmas distincts, et nous demande d’écouter et de réfléchir attentivement. Les non-bouddhistes pensent que lorsque le Sramana Gautama dit que les racines et les objets de conscience sont deux dharmas, c’est incorrect. Le Bouddha dit que c’est parce qu’ils ne comprennent pas, et que parler de cela ne fait qu’augmenter leur confusion, car la distinction entre les racines et les objets de conscience échappe à leur compréhension.
Donc, la distinction entre les racines et les objets de conscience, ainsi que le contenu détaillé de la contemplation des cinq agrégats et des dix-huit éléments, devraient être médités attentivement par tous. Si vous, bodhisattvas, êtes intéressés par cet aspect et souhaitez approfondir votre compréhension de la pratique bouddhiste et du contenu concret de la contemplation bouddhiste, veuillez venir à l’Association des vrais maîtres illuminés pour écouter directement les enseignements du Maître Pingshi Xiao et les instructions des enseignants. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez vraiment comprendre concrètement son contenu, car cela implique des significations secrètes, les significations secrètes de la contemplation.
Bien ! À partir de cela, nous pouvons comprendre, en poussant la réflexion au sujet des liens du nom et de la forme, de la conscience et des formations mentales dans les douze liens de causalité (nidanas) de la coproduction conditionnée, ou en remontant à partir du maillon du nom et de la forme vers les six bases sensorielles, le contact, la sensation et le désir, que l’on peut construire les six éléments, les douze domaines, les dix-huit éléments, et même les cinq agrégats. Il y a aussi une division plus poussée en six groupes de six, que nous allons analyser par la suite.
Examinons ce passage des écritures :
« À ce moment-là, le Bouddha dit aux bhikkhus : « Je vais maintenant vous enseigner le Dharma, qui est bon au début, bon au milieu et bon à la fin, avec un bon sens et une bonne saveur, pur et complet, toujours saint et pur. Écoutez attentivement ! Réfléchissez bien ! Il y a six groupes de six dharmas. Quels sont ces six groupes de six dharmas ? Ce sont les six bases sensorielles internes, les six bases sensorielles externes, les six consciences, les six contacts, les six sensations et les six désirs. » »
Ceci est tiré du Samyukta Agama, volume 13, sutra 304.
En d’autres termes, on peut voir ici que le pratyekabuddha peut faire une analyse plus fine, et qu’il a une caractéristique particulière : son analyse de la forme dépasse celle des sravakas. Car les sravakas ne divisent l’agrégat de la forme qu’en terre, eau, feu et vent, mais dans le Dharma du pratyekabuddha, l’agrégat de la forme est divisé en terre, eau, feu, vent et espace, et même les phénomènes matériels (rupa-dharma) sont divisés en racines (organes sensorielles) et en objets sensoriels. Dans ces douze domaines des facultés sensorielles et des objets sensoriels, il y a aussi une faculté mentale (manas) cachée au milieu, et tout cela est brièvement mentionné par le Bouddha sans être expliqué en détail, car pour comprendre cela, on doit s’appuyer sur la foi et la confiance.
Les sravakas pratiquent la méditation en se fiant au Bouddha, ils peuvent réaliser la vérité et en déduire les principes. Les pratyekabuddhas doivent s’appuyer sur les graines de leurs bons fruits karmiques tirés des vies passées pour avoir confiance dans les paroles du Bouddha, puis comprendre : « Ah, la faculté mentale (manas) est probablement ainsi. »
Bien ! Après avoir brièvement présenté l’analyse du nom et de la forme par les sravakas et les pratyekabuddhas, examinons comment le Bouddha leur répond. Voyons d’abord quelle est la réponse des sravakas concernant le Dharma profond, subtil et de grande lumière :
Si des ascètes ou des brahmanes sont liés par des concepts mondains, c’est-à-dire liés par le concept du faux moi, liés par le concept d’être sensible, liés par le concept de durée de vie, liés par des malentendus sur les interdictions et des croyances en des présages, à ce moment-là, tout cela est complètement coupé et compris, tranché à la racine, comme on tranche la tête d’un palmier. Ainsi, dans les vies futures, ces concepts ne renaîtront plus. C’est ce qu’on appelle un noble disciple bien instruit qui comprend correctement et véritablement la coproduction conditionnée et les phénomènes conditionnés, qui les voit bien, les perçoit bien, les cultive bien et les comprend en profondeur.
Ceci est tiré du Samyukta Agama, volume 12, sutra 296.
Le Bouddha a dit : Ô noble disciple bien instruit ! Finalement, il peut couper toutes sortes de concepts mondains, comme les visions sur la durée de vie, les visions sur les êtres ou le moi, ainsi que les idées erronées concernant ce qui est considéré comme de bon augure, la recherche de longévité, de santé, de richesse, de statut social. Tout cela est complètement coupé, et dans les vies futures, il devient un dharma non-né. C’est-à-dire que l’arhat, lorsqu’il atteint sa dernière vie, devient un dharma qui ne renaît plus, appelé le Dharma profond, subtil et de grande lumière. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Les sravakas ne le savent toujours pas, c’est pourquoi ils doivent aller plus loin et étudier le Dharma des pratyekabuddhas. Mais comment pratiquer le Dharma des pratyekabuddhas ? Pour pouvoir pratiquer, il faut s’appuyer sur les dix liens de causalité, les dix nidanas !
C’est pourquoi le Maître Pingshi Xiao, dans son Vrai Sens des Agamas, met particulièrement en évidence les dix liens de causalité, expliquant concrètement le contenu de la contemplation des dix liens de causalité, faisant apparaître la sagesse des pratyekabuddhas aux gens !
Voyons maintenant comment les dix liens de causalité, en particulier la conscience qui entre dans l’utérus, sont décrits dans l’Agama :
« Ananda, que signifie le lien entre la conscience et le nom et la forme (nama-rupa) ? S’il n’y avait pas de conscience entrant dans l’utérus de la mère, y aurait-il le nama-rupa ?
– Non, répondit-il.
– Si la conscience entrait dans l’utérus mais n’en sortait pas, y aurait-il le nama-rupa ?
– Non, répondit-il.
– Si la conscience sortait de l’utérus, mais que l’enfant se détériorait, le nama-rupa pourrait-il croître ?
– Non, répondit-il.
– Ananda, s’il n’y avait pas de conscience, y aurait-il le nama-rupa ?
– Non, répondit-il.
Ce passage se trouve dans le Dirgha Agama, volume 10. Nous n’allons pas l’expliquer aujourd’hui car nous l’expliquerons souvent dans les présentations ultérieures.
Cependant, nous pouvons comprendre que, dès le stade de l’œuf fécondé, une conscience entre afin de permettre le développement du fœtus. Ensuite, il y a la présence de la faculté mentale (manas) ainsi que la matière physique : c’est la coordination du nama (nom) et du rupa (forme), c’est-à-dire nama-rupa ! Que signifie cela ? Cela signifie que le nom et la forme croissent avec la croissance de l’œuf fécondé. Qu’est-ce que cela implique ? Cela implique qu’il y a une conscience qui entre dans l’utérus et qui ne croît pas. Car si la conscience qui entre dans l’utérus croissait, elle changerait ! Elle ne pourrait donc pas servir de lieu de stockage pour la mémoire.
Ainsi, dans l’Agama, les sravakas comme les pratyekabuddhas doivent posséder cette sagesse. Les sravakas n’ont pas la sagesse de la conscience qui entre dans l’utérus, ils savent seulement qu’il y a un Dharma profond, subtil et de grande lumière. Mais quel en est le contenu spécifique ? Ils ne le savent pas ! Cependant, après avoir étudié l’enseignement des pratyekabuddhas, avec l’aide et la guidance du Bouddha, en écoutant progressivement les paroles du Bouddha, ils peuvent peu à peu comprendre que dans la coproduction conditionnée, le Dharma profond, subtil et de grande lumière est en fait la conscience qui entre dans l’utérus. Quand ils peuvent confirmer ce fait et savoir avec certitude que le nom et la forme croissent tandis qu’une conscience qui entre dans l’utérus ne croît pas, alors ils possèdent la sagesse de la contemplation des dix liens de causalité, et c’est seulement ainsi qu’ils peuvent potentiellement entrer dans le Grand Véhicule.
En d’autres termes, si un sravaka (donc une personne du Petit Véhicule) veut entrer dans le Grand Véhicule, c’est impossible ! Pourquoi ? Parce que sa sagesse est trop limitée. Donc, il doit passer par la sagesse du pratyekabuddha, être imprégné du Dharma du pratyekabuddha pour devenir un pratyekabuddha et reconnaitre qu’il y a une conscience qui entre dans l’utérus. C’est à ce moment-là qu’il comprend : « Ah ! La conscience est liée au nom et à la forme, le nom et la forme sont liés à la conscience. » Avec cette sagesse, il peut alors potentiellement se tourner vers le Grand Véhicule.
Nous pouvons donc voir qu’auparavant, nous avions ce qu’on appelle l’analyse : l’analyse des sravakas qui va des cinq agrégats jusqu’aux cinq agrégats soumis à l’attachement ; l’analyse des pratyekabuddha qui va des six éléments, aux douze domaines, puis aux dix-huit éléments, jusqu’aux six groupes de six. Après avoir acquis cette sagesse analytique et avoir confirmé que le nom et la forme ne peuvent en aucun cas être le tathāgatagarbha, ne peuvent pas servir de lieu de stockage de la mémoire, on peut alors entrer dans le Grand Véhicule et devenir un bodhisattva du Mahayana.
Un bodhisattva du Mahayana doit posséder cette sagesse fondamentale du pratyekabuddha de « la conscience liée au nom et à la forme, et du nom et de la forme liés à la conscience » avant de pouvoir entrer dans le Dharma des bodhisattvas.
Ensuite, il transforme « la conscience liée au nom et à la forme, et du nom et de la forme liés à la conscience » en six points de vue, puis, sur la base de ces six points de vue, il pratique la contemplation des cinq agrégats comme n’étant pas le vrai moi, pas différents du vrai moi et ne sont pas forcément liés les uns aux autres.
Cependant, cela ne suffit pas encore pour pratiquer le Grand Véhicule, car ce n’est qu’une contemplation basée sur les six points de vue. Il doit encore passer par l’entraînement de la méditation véritable pour avoir une chance d’atteindre l’illumination.
À partir de là, nous pouvons comprendre que les sravakas et les pratyekabuddhas ne font qu’analyser le nom et la forme. Mais après avoir acquis une compréhension conceptuelle de l’analyse du nom et de la forme et la capacité d’éliminer le concept de faux moi, ils peuvent alors entrer dans la pratique fondée sur la vision des six points de vue erronés et procéder à l’élimination réelle du concept de faux moi.
Quant à la partie sur le Dharma du Grand Véhicule, nous vous en ferons une présentation détaillée lors de la prochaine session.
Merci à tous les bodhisattvas d’avoir regardé.
Amitofo !
[1] Sensation, perception, volition, attention, contact.
