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Enseignements essentiels de l’école Chan


Dans le Sutra du Lotus le Bouddha nous assure que chaque être sensible a le potentiel de voir la vérité et d’atteindre la bouddhéité. Dans le premier volume du sutra il dit : « Tu dois savoir, Sariputra, qu’à l’origine j’ai fait le vœu de permettre à tous les êtres vivants d’être égaux à moi, sans aucune distinction. »

Ainsi le Bouddha nous a-t-il transmis différentes méthodes de pratique afin que chacun puisse avancer sur le chemin.

Le proverbe chinois « quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt » que nous connaissons tous, nous vient, en fait, des anciens patriarches du bouddhisme Chan. La lune symbolise la vérité ultime et le doigt représente les moyens que le maitre va employer afin que son disciple saisisse le sens le plus profond de l’enseignement. Mais aucun moyen, aucune parole ou explication ne sont la vérité, tout comme la carte au trésor n’est pas le trésor lui-même. Tout cela peut nous aider à avancer, mais c’est tout.

Les termes bouddhistes sont choisis pour pouvoir communiquer les idées et exprimer des significations ou des conditions particulières dans le bouddhisme. On peut comparer les méthodes bouddhistes à un essuie-glace : comme l’essuie-glace nettoie le pare-brise pour que nous puissions voir à l’extérieur, les méthodes bouddhistes nous permettent de calmer notre esprit et de rester concentrés pour pouvoir observer. Ainsi pouvons-nous contempler les cinq agrégats, les douze entrées et les dix-huit fonctions et avancer pas à pas pour rencontrer notre vrai moi, notre huitième conscience (alayavijnana, tathāgatagarbha), et atteindre alors l’illumination.

Les pratiquants bouddhistes sérieux adhéreront aux préceptes du bouddhisme et s’abstiendront de s’adonner à un mode de vie sensuel et plein de désirs. C’est la seule manière pour qu’ils gardent leur esprit clair et pur et pour qu’ils avancent sur le chemin au bout duquel ils découvriront la vérité ultime qui est au-delà des cinq agrégats, des douze entrées et des dix-huit fonctions, la vérité que nous enseigne le Bouddha. Cependant, pour atteindre cet objectif, les pratiquants diligents doivent apprendre à clairement distinguer les cinq agrégats, les douze entrées et les dix-huit fonctions.

Pour les assister dans cette tâche, nous proposons ici les explications suivantes :

  • Les cinq agrégats : on dit qu’une « personne » est le produit des cinq agrégats (skandhas) de la forme (par exemple, le corps humain), du ressenti (émotions et sentiments), de la compréhension (identification sommaire d’un objet perçu), du processus (qui nous permet de « fonctionner ») et des sept premières consciences (les consciences correspondant aux cinq sens, ainsi que la conscience mentale et le manas). Ensemble, ces agrégats constituent la totalité de l’existence physique, mentale et émotionnelle d’un être sensible.

  • Les douze entrées : ce sont les six entrées externes et les six entrées internes. Les six entrées externes, que nous appelons aussi les racines des consciences, sont les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et le manas. Les six entrées internes, que nous appelons aussi les objets des racines des consciences et qui leur correspondent, sont la forme, le son, l’odeur, la saveur, le contact et le dharma (phénomène mental). Le contact entre une racine et son objet conduit à la création de la conscience correspondante (vijnana) : la vision, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher et la conscience mentale :
Racines des consciences Objets des racines des consciences Consciences (vijñāna)
œil + forme = vision
oreille + son = ouïe
nez + odeur = odorat
langue + saveur = goût
corps + contact = toucher
manas + dharma = conscience mentale
  • Les dix-huit fonctions sont les éléments par lesquels l’expérience sensorielle est produite, ainsi que le fonctionnement mental. Elles sont les six racines des consciences, les objets des six racines des consciences et les six consciences produites par les deux premiers (cf. tableau au-dessus).

En fait, tout ce qu’on vient de décrire se produit à chaque instant pour chaque être, mais nous ne nous rendons pas compte de ce fonctionnement. Cependant, à partir de maintenant, grâce aux explications que nous venons de fournir, chacun pourra distinguer et observer au cours de ses activités quotidiennes les cinq agrégats, les douze entrées et les dix-huit fonctions.

Avec ces enseignements fondamentaux du premier tour de la roue du dharma, nous allons pouvoir avancer vers l’enseignement du deuxième tour et prendre connaissance des sutras « de la Prajnaparamita » (le Sutra du Diamant, le Sutra du Cœur, etc.), où le Bouddha parle exclusivement des caractéristiques de l’esprit véritable, du vrai moi qui n’a pas de forme et n’est pas dual (alayavijnana, tathāgatagarbha).

Avec l’aide du Bouddha, les pratiquants bouddhistes peuvent atteindre l’illumination soudaine, en réalisant la vraie réalité (alayavijnana) et en acquérant la prajna (sagesse obtenue par la connaissance de la vérité), à condition d’avoir une compréhension intellectuelle correcte de l’alayavijnana et de bonnes capacités de concentration et d’observation.