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Le Sermon de la fleur (première partie)


La méthode « sans méthode » de la tradition chan

(C : Wumen guan ; 無門關)

Citation :

« Une fois, devant une assemblée venue écouter l’enseignement sur le mont des Vautours, le Bouddha brandit une fleur. Seul le Vénérable Kāśyapa esquissa un sourire subtil. Le Bouddha annonça alors :


« Je possède le trésor qui contient l’œil du dharma juste, le cœur merveilleux correspondant au nirvana, la réalité ultime sans forme, la méthode merveilleuse et subtile du dharma. Cette dernière ne repose pas sur des mots ou des lettres et est transmise de manière distincte, en dehors des écritures. Je le confère au Vénérable Mahākāśyapa. » Wumen Guan

【世尊昔在靈山會上,拈花示眾,是時眾皆默然,惟迦葉尊者破顏微笑。世尊云:吾有正法眼藏,涅槃妙心,實相無相,微妙法門,不立文字,教外別傳。付囑摩訶迦葉。】無門關

Remarques :

L’illumination est atteinte par une pensée qui contient la sagesse de la libération et qui nécessite la maitrise d’un certain niveau de méditation. Grâce à cette pensée on comprend l’origine de la vie des êtres sensibles.

Pour atteindre l’illumination, nous devons d’abord pratiquer la méthode du chan contemplatif : l’absorption méditative en mouvement. Nous devons donc suivre les instructions d’un mentor véritablement illuminé afin de pratiquer convenablement cette méthode. Après avoir atteint l’illumination, nous réaliserons que la notion de nature de bouddha ne s’acquiert pas par la pratique, car elle est inhérente à tous les êtres sensibles. Naturellement, il n’y a pas de méthode qui permette de l’acquérir. C’est exactement ce que les anciens patriarches disaient souvent à propos du principe du chan : « La méthode du dharma est sans méthode. »

Avant d’atteindre l’illumination, nous aspirons à devenir éveillés, et nous devons suivre les méthodes du chan. Après avoir atteint l’illumination, nous découvrirons que même l’illumination possède une nature intrinsèquement vide et tranquille, car nous réaliserons que la nature propre de toutes les méthodes du chan est également vide et tranquille (puisqu’elle est dérivée de la nature de bouddha). Le chan lui-même ne parle pas d’illumination ; il désigne l’ainsité (C:真如). La notion d’illumination n’est qu’un phénomène décrivant la découverte par un individu de l’ainsité. Bien que le chan et l’illumination existent réellement et soient valides, ils ne sont pas établis ou construits comme des éléments tangibles par les humains et ne peuvent pas être montrés ou démontrés aux autres. Par conséquent, dire qu’il y a l’illumination ou pas d’illumination est incorrect dans la même mesure. Ça veut dire que les mots utilisés pour décrire le vrai moi ne correspondent pas au vrai moi, mais que sans ces mots on ne pourra jamais trouver le vrai moi.

La véritable essence de l’illumination n’est autre que la sagesse atteinte par une pensée qui découvre le vrai moi (C : 一念相應慧). Toute « illumination » sans un éveil soudain n’est pas une véritable illumination. De plus, les conclusions tirées de la discussion ou de l’analyse basée sur la parole n’indiquent pas l’illumination. L’illumination requiert un éveil soudain à partir de la pratique profonde et diligente de la méthode chan. En fait, il n’y a pas d’illumination graduelle (C:漸悟), mais seulement une illumination soudaine (C:頓悟). Nous devons pratiquer progressivement pour pouvoir atteindre l’illumination soudaine, mais nous ne pouvons pas atteindre l’illumination graduelle. Pourquoi ? Si l’illumination soudaine est obtenue par des efforts d’accumulation graduelle, lorsque ces efforts conditionnés se dissiperont progressivement dans le futur, cette illumination disparaîtra. Ainsi, l’ainsité n’est pas atteinte par la pratique graduelle car aucune méthode ne le permet.