L’importance de la générosité (Jataka)
Il y a fort longtemps vivaient deux très grands bodhisattvas, que nous nommerons M et S. Ces êtres étaient à peu près aussi évolués l’un que l’autre.
Le bodhisattva M pratiquait avec beaucoup de talent : il savait s’observer lui-même, avait beaucoup de compassion et connaissait l’enseignement de manière extrêmement fine. Le bodhisattva S avait lui-même une très grande compassion, une puissante générosité, mais il manquait encore un peu de pratique. Ces deux bodhisattvas étaient les deux disciples du bouddha Puṣya.
Un jour que le bodhisattva S était parti dans la montagne chercher quelque médication, le bouddha Pusya décida de lui apporter une aide afin qu’il évoluât plus vite. Ainsi lui apparut-il sous la forme d’un magnifique corps de lumière. Le bodhisattva S en fut si ébloui qu’il lâcha ces paroles inspirées :
« Des montagnes au ciel, nul n’est plus grand que le bouddha. Sa sagesse est incomparable. Et voyant cela, je sais que rien n’est plus élevé que la connaissance de notre vrai moi, et je souhaite plus que tout autre chose que tous les êtres un jour connaissent leur vrai moi et deviennent des bouddhas. »
Le bodhisattva S, suite à cette apparition, se résolut à pratiquer avec plus encore de détermination, en sorte qu’il devint plus tard un bouddha, celui que nous connaissons sous le nom de Sakyamuni, cependant que le bodhisattva M ne l’est toujours pas lui-même à ce jour. Sakyamuni, qui prit par sa pratique assidue neuf kalpas d’avance sur le bodhisattva M, apparut aux hommes lorsqu’ils avaient à peu près quatre-vingts ans, et put devenir plus rapidement un bouddha parce qu’il avait longtemps fait montre d’une immense générosité.
Ce récit nous enseigne que la connaissance seule est vaine, si nous ne l’appliquons pas à aider les êtres, si nous demeurons enfermés dans notre avarice. Le partage et la générosité sont un aspect essentiel de la pratique, et si nous n’avons que peu de connaissances, il nous importe quand même de la partager et de nous appuyer sur elles pour aider les êtres, car ceux que nous aidons, un jour nous aideront, et avec d’autant plus de sincérité d’ailleurs que nous les aurons aidés nous-mêmes sans en attendre de retours.