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(Jataka)
Au temps du Bouddha, le fils d’un homme réputé accompagnait le Bouddha et avait décidé de devenir moine. Ce jeune homme cependant n’aimait pas la foule et préférait ainsi éviter d’être trop entouré. Il vivait donc à part de la communauté des moines, ce que regrettaient d’ailleurs ces derniers, qui vivaient sans cesse en décalage avec lui.
Le Bouddha lui accorda donc d’aller pratiquer seul la méditation. Il lui fallut quelque temps pour atteindre le niveau de grand arhat et acquérir cinq pouvoirs surnaturels. Les moines furent alors fort étonnés que ce jeune pratiquant eût progressé si vite alors même qu’il pratiquait seul et qu’il n’avait pas lu les sutras. Devant la foule interrogatrice des moines, le Bouddha prit la parole :
« La pratique de ce jeune homme n’a pas débuté dans cette vie-ci. Tout au contraire, il pratique ainsi depuis très longtemps, et sa pratique s’est toujours épanouie dans la solitude. Il existait par le passé un sage qui méditait seul dans la montagne. Cet homme, qui était accompagné toujours d’un lapin, ne se nourrissait que des végétaux qui poussaient dans la forêt. Un certain jour, le pays connut une si longue sécheresse que le sage et le lapin n’eurent plus de quoi se nourrir. L’homme songea alors qu’il était peut-être temps de descendre dans les villages afin de demander un peu de nourriture.
Le lapin, ayant compris que le sage était résolu à quitter sa thébaïde et désirant vivement qu’il y restât, s’efforça de lui trouver chaque jour les aliments dont il avait besoin pour sa survie. Pourtant, un jour, il ne trouva pas le plus petit morceau de fruit, en sorte qu’il prit la décision, pour nourrir le sage, de s’offrir lui-même en sacrifice. Aussi fit-il un feu dans lequel il se jeta. Lorsque le sage s’aperçut du danger où s’était précipité l’animal, il chercha le moyen de l’en sortir. C’est à ce moment précis que le dieu Indra eut vent de cette histoire. Il ordonna alors qu’une pluie abondante descendît sur les terres, en sorte que le lapin put échapper à l’agressivité des flammes et que peu à peu la végétation redevint luxuriante. Le sage put donc persévérer dans sa pratique et acquérir cinq pouvoirs surnaturels. »
Le Bouddha, ayant dit cela, poursuivit en ces termes :
« Ce sage était le grand arhat que vous connaissez aujourd’hui, et le lapin n’était autre que moi-même. Ainsi voyez-vous que, si cet homme a pu aujourd’hui atteindre un tel niveau de méditation, c’est à cause de ce qu’il fit durant ses vies antérieures. »
Nous pouvons observer à travers ce récit que le Bouddha ne s’occupa jamais que d’aider les pratiquants. Il n’était pas mû par un quelconque égoïsme, c’est pourquoi il put devenir un bouddha. Aujourd’hui encore, bien que nous ne le sachions pas, le Bouddha reste toujours auprès des pratiquants pour les soutenir. En outre, ce récit nous apprend que plus notre don est important, plus en seront grandes les conséquences.