(Ratnakuta Sutra)
Il y avait autrefois un brahmane qui avait entendu qu’offrir de la nourriture au Bouddha pouvait apporter de grands bénéfices. Il invita alors le Bouddha et ses cinq-cents disciples à venir dans son village. Cependant, quand le Bouddha et ses élèves se présentèrent devant sa porte, ce brahmane, en voyant tout ce monde, changea d’avis et ne voulut plus les nourrir. D’ailleurs, il ne souhaita même pas leur ouvrir. Voyant cela, un palefrenier qui passait par là proposa au Bouddha de venir chez lui dans l’écurie. Il voulait offrir un repas au Bouddha et à ses disciples mais, étant pauvre, il n’avait que de la nourriture pour les chevaux : du foin, des graines, etc.
Pourtant le Bouddha ne manqua pas de montrer son contentement et ses disciples et lui remplirent leurs bols et commencèrent à manger. Cependant Ananda, le demi-frère du Bouddha, n’arrêtait pas de le regarder et était triste. Le Bouddha s’arrêta alors de manger et lui dit :
« Allez, Ananda, pose ta question ! »
Ananda demanda alors :
« Vénérable maitre, vous êtes un prince et en plus, vous êtes un maitre du ciel, et pourtant vous êtes obligé de manger de la nourriture pour les chevaux. Tout ceci m’attriste à tel point que je ne trouve même plus les mots pour m’exprimer. »
Le Bouddha prit un peu de nourriture de son bol et la donna à Ananda en lui demandant de la goûter.
Ananda la mangea et s’exclama :
« C’est incroyable ! Je n’ai jamais mangé quelque chose d’aussi délicieux ! Je n’arrive pas à y croire ! »
Ensuite Ananda dit qu’il n’avait plus envie d’autre nourriture et ne voulait plus manger que cela.
Le Bouddha en profita pour donner l’explication suivante :
« Quelle qu’elle soit, la nourriture, quand elle arrive dans la bouche du Bouddha, est toujours excellente. J’ai utilisé mes pouvoirs surnaturels pour que vous tous puissiez avoir la même sensation gustative que moi. »
Il ajouta :
« Je savais très bien que ce brahmane n’avait pas vraiment envie de nous accueillir. Je ne suis pas venu pour lui, je suis venu pour les chevaux de cette écurie. La nourriture que nous mangeons aujourd’hui est, en réalité, la leur. Ces cinq-cents chevaux avaient déjà pratiqué pendant plusieurs vies, mais comme ils s’étaient laissés influencer par des visions erronées, ils ont accumulé de mauvais karmas et ont dû renaitre en tant qu’animaux. Un grand boddhisattva souhaitait les aider et il s’est réincarné ici en cheval pour les guider. J’ai de bonnes affinités karmiques avec ces chevaux et mon but n’a jamais été de voir ce brahmane, mais plutôt d’aider ces équidés. Ainsi, je leur ai donné la possibilité de se confesser devant moi et ils ont pu partager plus de la moitié de leur nourriture avec nous tous. »
A la fin du repas le Bouddha repartit avec ses disciples et, trois mois plus tard, tous ces chevaux décédèrent pour monter au ciel et y devenir des dieux célestes. Ils apportèrent alors de la nourriture céleste au Bouddha et à ses disciples et demandèrent au Bouddha de leur enseigner la sagesse. Ce dernier prédit alors que tous ces dieux allaient devenir des pratyekabuddhas et que le boddhisattva qui les avait aidés, allait devenir bouddha plus tard.
De cette histoire nous comprenons qu’il ne faut jamais écouter les gens qui propagent des visions erronées parce que nous pouvons, en conséquence, nous réincarner dans l’un des chemins inferieurs. Il ne faut jamais non plus croire que le Bouddha souffre ou qu’il fasse des choses au hasard parce que toutes ses actions ont un sens profond. Par exemple, dans cette histoire, le Bouddha ne s’était pas rendu dans ce village pour manger chez quelqu’un, mais pour aider les chevaux à alléger leur karma en se confessant devant lui et en partageant leur nourriture avec le sangha. Par conséquent, il est toujours mieux et plus sage de bien réfléchir avant de porter un jugement : dans le cas contraire, il est facile de commettre des erreurs dont les conséquences peuvent être désastreuses.
AMITOFO.