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(Agama sutra)
Le roi hindou Pasenadi avait jadis une fille très belle que tout le monde adorait. Un jour le roi lui dit : « C’est grâce à moi que tu es respectée et adorée par tous ! »
Mais la princesse lui objecta : « C’est grâce à mon propre karma que je suis respectée et adorée par tout le monde. »
Le roi répéta trois fois sa déclaration et à chaque fois il reçut la même réponse de la part de la princesse.
Cela ne manqua pas de le mettre en colère, et il dit : « Puisque c’est ainsi, aujourd’hui je vais te faire comprendre si c’est grâce à ton propre karma ou c’est grâce à moi ! »
Alors le roi demanda à ses serviteurs d’aller chercher le mendiant le plus misérable de son royaume. Quand ce dernier fut ramené devant lui, le roi ordonna à la princesse d’épouser immédiatement ce malheureux et il lui dit de nouveau :
« Si tu avoues que tu me dois tout, je vais te donner beaucoup d’argent, mais dans le cas contraire, tu partiras vivre sans rien avec ce misérable. »
La princesse continua de répondre que tout ce qui lui arrivait était dû à son propre karma. Alors le roi la chassa du palais avec son mari.
Sur le chemin, la princesse demanda au mendiant si ses parents étaient toujours en vie, et ce dernier lui répondit : « Mon père était la personne la plus riche du royaume mais un malheur frappa ma famille. Ils sont tous morts et moi, je me suis retrouvé sans le sou, et la maison familiale est en ruines. Voilà pourquoi je suis aussi pauvre. »
La princesse lui dit encore :
« Puisque c’est comme ça, retournons à ton ancienne maison même si elle est dans un état pitoyable. »
Le couple arriva devant la maison de cette famille qui avait été tellement riche par le passé. La princesse marcha un peu dans la maison et tout à coup la terre s’effondra devant elle pour révéler un sous-sol dont ils ignoraient l’existence. Là-bas il y avait un grand trésor qu’ils utilisèrent pour rebâtir la maison. A la fin cette maison n’avait plus rien à envier au palais royal et était pleine de servants.
Un jour le roi voulut savoir ce qui était devenue sa fille, et il posa cette question à ses conseillers. Ils lui dirent alors que la maison de la princesse était aussi grande que le palais et que sa richesse était comparable à celle du roi.
Le roi fut très surpris et alla visiter sa fille. Il trouva même sa maison plus jolie que son palais et il lui demanda :
« Comment savais-tu que tout te venait de ton karma et que ce n’était pas moi qui t’avais donné ta richesse et ta réputation ? »
La princesse répondit :
« C’est le Bouddha lui-même qui a dit ça : chacun sème ses propres graines karmiques et récoltes ses propres fruits karmiques. »
Alors le roi alla rencontrer le Bouddha et lui demanda :
« Ô, vénérable maitre, qu’a donc fait ma fille pour posséder une telle fortune aujourd’hui ? Et pourquoi son corps émet-il autant de lumière ? »
Le Bouddha lui répondit :
« Quatre-vingt-onze kalpas auparavant un bouddha apparut sur cette terre, et lorsqu’il décéda, il laissa beaucoup de reliques. Le roi fit alors bâtir sept pagodes pour recueillir ces reliques et la reine utilisa ses propres pierres précieuses pour illuminer les statues du Bouddha. Elle fit aussi un grand vœu : elle espérait que la lumière de ses pierres précieuses illuminerait tout le monde et qu’elle ne se réincarnerait pas dans les trois chemins inferieurs. Cette reine est votre fille aujourd’hui.
La princesse rencontra aussi dans une de ses vies passées un autre bouddha. Elle voulait lui offrir de la nourriture ainsi qu’à tous ses disciples, mais son mari, étant très avare, tenta de l’en dissuader. Toutefois, elle insista beaucoup et finalement elle réussit à le convaincre. Aussi offrirent-ils de la nourriture à tout le sangha. Cet homme est encore son mari aujourd’hui. A cause de son avarice dans le passé il a été très pauvre pendant un moment. Mais grâce à sa femme il est redevenu riche, ce qui ne serait pas arrivé s’il ne l’avait pas rencontrée de nouveau. »
Le Bouddha ajouta : « Chacun récolte ce qu’il a semé et il n’y a jamais d’erreur. »
Le roi Pasenadi écouta l’enseignement du Bouddha et se rendit compte que la loi du karma était vraie. Son arrogance diminua beaucoup.
Nous comprenons par cette histoire qu’il ne faut pas demander l’avis des autres pour pratiquer la générosité, et qu’il ne faut pas les laisser nous en dissuader. Le mari de la princesse voulait l’empêcher de pratiquer la générosité et finalement il a offert de la nourriture grâce à son influence. Voilà pourquoi il se retrouvait pauvre et qu’il avait besoin de la présence de sa femme pour pouvoir recevoir les bons fruits karmiques. Ce qu’on a semé ne disparait jamais et donne son fruit une fois que les toutes conditions nécessaires sont réunies. Donc si jamais aujourd’hui vous recevez un mauvais karma, il ne faut pas vous plaindre et rejeter la faute sur les autres. Un pratiquant bouddhiste ne se comporte pas comme les gens ordinaires : face à un problème il préfère se confesser devant la statue du Bouddha et essayer de nettoyer son mauvais karma pour n’avoir plus tard que des fruits positifs.