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L’esprit primordial est-il le vrai moi ?

Beaucoup de gens parlent du bouddhisme, certains croient qu’ils ont atteint l’éveil. Et nombreux sont ceux qui se disent illuminés, bien qu’il leur manque le sceau qui confirme cette illumination. Mais la plupart de ces gens ne lisent pas les sutras bouddhistes parce que les termes bouddhistes sont très difficiles à comprendre.


Ils n’ont donc pas envie de les lire, et ils se moquent des gens qui les lisent. Ils disent que les praticiens qui lisent les sutras sont très attachés à l’écriture. Ils pensent donc que c’est un attachement, et comme ils veulent éviter d’être attachés aux écritures, ils préfèrent ne pas lire les sutras. Je comprends que les sutras soient très difficiles à comprendre, surtout si on ne pratique pas, car alors pour lire et comprendre les sutras, c’est impossible. Si l’on se considère pratiquant bouddhiste, il faut lire les sutras pour en connaître la véritable signification.

Les sutras ont une signification très profonde, c’est comme un océan très large et très profond. Tous ces sutras parlent de deux points : le premier parle de la libération, comment sortir du cycle de la réincarnation, et le second parle de la façon d’atteindre le niveau de Bouddha. Si les gens pratiquent vraiment, ils peuvent comprendre la signification des sutras, mais pour vraiment en connaître le sens profond, ils doivent atteindre l’illumination.

Après l’éveil, guidé par un vrai maître, ou un vrai bodhisattva, vous pouvez comprendre la sagesse du Bouddha. 

Les sutras sont comme un GPS dans notre véhicule, ils nous guident pas à pas hors du cycle de la réincarnation. Si vous êtes vraiment sorti de ce cycle de réincarnation, vous pouvez laisser le GPS, car vous êtes déjà arrivé, vous n’avez pas besoin de GPS, mais si vous ne savez pas comment vous rendre à votre destination, sans carte et sans GPS, je vous garantis que vous perdrez sûrement vos sens et que vous ne saurez pas où vous pouvez aller. Et vous ne sortirez jamais de ce cycle de réincarnation.

Les sutras sont très difficiles à comprendre, car ils n’indiquent tous qu’une seule chose. Ils parlent de la réalité de la vie, c’est-à-dire du vrai sens de la vie, qui est le tathagatagarbha. Parfois, nous l’appelons dharmakaya, ce qui signifie « le corps du dharma » (fonctionnalité), le corps qui peut libérer toutes les fonctionnalités et ce corps est le vrai moi que chacun des êtres sensibles possède. Nous avons tous le même, mais il est en même temps différent chez chacun. C’est comme si nous avions tous le même modèle de voiture, mais que la décoration est différente pour chacun. Si vous pensez être devenu illuminé, mais que vous ne pouvez pas comprendre les sutras, lorsque vous les lisez ou que vous pensez que ce que dit le sutra est vide de sens, ou que vous parlez d’interdépendance karmique entre l’un et l’autre, je peux vous garantir que vous avez tort. Parce que tous les sutras parlent de ce vrai moi. Atteindre l’illumination signifie vérifier l’existence de ce vrai moi. Si vous ne comprenez pas ce que dit le sutra, vous n’avez certainement pas la capacité de prouver l’existence de ce vrai moi. Je parle sincèrement pour que vous ne puissiez pas faire de grandes erreurs qui vous coûteraient de lourds karmas. De nombreux praticiens taoïstes pensent que ce qu’ils appellent l’esprit primordial est le vrai moi. Je pense que nous pouvons enquêter et débattre sur cette question.

Premièrement, que signifie le dharmakaya ? Dans les sutras, le dharmakaya, signifie le vrai moi. Si la dharmakaya se manifeste à l’homme ordinaire, nous appelons cette personne un homme ordinaire. Si le dharmakaya, se manifeste dans le corps d’une personne illuminée, nous appelons cette personne un bodhisattva. Si le dharmakaya se manifeste à partir d’une graine pure, et que la personne a tous les mérites et une sagesse complète, nous appelons cette personne un bouddha.

Bien qu’ils portent trois noms différents, ils sont identiques. Nous pouvons démontrer ici que le dharmakaya existe chez tous les êtres sensibles, cela ne signifie pas qu’après avoir pratiqué, vous pouvez l’obtenir, ni qu’il est un produit de la pratique. Cela ne signifie non plus que si l’on ne pratique pas, on peut prouver son existence. On a besoin de pratique pour trouver ce vrai moi, mais une fois découvert, on est conscient même sans la pratique que le vrai moi est toujours là, car on ne peut jamais le perdre ni le trouver. C’est pourquoi nous l’appelons le chemin du milieu.

Que signifie l’esprit primordial?

D’après le livre Xingming Guizhiquanshu (《性命圭旨全書》, Explication sur l’origine de la vie), qui est un livre taoïste, on dit que l’esprit primordial est l’esprit avant la naissance, avant d’être contaminé par la vie. Cet esprit est aussi appelé esprit prénatal. C’est une petite lumière qui vient de l’univers et qui apparaîtra juste au moment de l’acte sexuel entre le père et la mère. Le produit de cette union est pour les taoïstes l’esprit primordial.

Il existe un autre livre, qui s’appelle Ling Shu (靈樞.本神). Ce livre parle du moment où deux énergies, le Ying et le Yang, se réunissent et forment l’esprit primordial.

Le livre de Dan Dao (丹道), Traité de la pratique de Dan (丹), est un ensemble des méthodes théoriques et d’expériences relatives à la pratique de Dan. Tous ces livres disent que l’esprit primordial est l’énergie prénatale, il est donc appelé énergie primitive, la vraie nature. C’est un esprit qui n’est pas dans la pensée, ce qui signifie qu’il n’apparaît pas dans la pensée. Il est présenté comme un nouveau-né qui a des sensations, mais qui n’a aucune connaissance, et les personnes qui pratiquent le Chi kung (Qi-Gong氣功), si elles atteignent cet état de tranquillité, n’ont aucune souffrance : leur souffle est très doux, elles n’ont aucune pensée, et il semble même qu’elles pensent voler dans cet état, selon le livre de Dan Dao ; la pratique signifie que la personne est de nouveau en contact avec son énergie primordiale.

C’est le livre Huang Ting Wai Jing Jing (《黃庭外景經 》Le Travail de longévité) que les taoïstes utilisent pour l’acupuncture. Ce livre soutient que l’esprit primordial est une énergie que nous trouvons quand nous n’avons plus de pensées et c’est grâce à cette énergie que nous avons un pouls. En plus, il y est dit que si nous n’avons pas de pensées nos sens ne fonctionnent plus.

Je vais vous donner ci-dessous un résumé de ce que je vois au sujet de certaines méthodes taoïstes. En général, quatre étapes de la pratique doivent permettre de retrouver cet Esprit Primordial.

La première est la préparation de Dan (丹). À ce stade, il faut s’entraîner à respirer, à renforcer l’énergie du corps, et il faut être en bonne santé.

Deuxième étape : ouvrir tous les canaux. Le pratiquant doit pratiquer, afin que son énergie atteigne n’importe quelle partie de son corps, c’est-à-dire que son chi (氣) puisse aller dans le moindre recoin de son corps.

Troisième étape : Cette énergie primordiale est apparue. Lors de cette étape le pratiquant doit être dans l’état de non-pensée. A ce moment il se sent très léger, son souffle est si doux qu’il n’existe presque pas.

De tels pratiquants pensent que leur énergie primordiale peut se lier à une autre énergie qui vient de l’univers et former ainsi une nouvelle énergie qui nourrit le corps et l’esprit du pratiquant, et qui s’anime dans le corps de manière totalement libre et naturelle.

Quatrième étape : le pratiquant se croit capable de laisser entrer n’importe quelle énergie cosmique dans son corps (il peut s’agir de l’énergie d’un esprit ou d’une divinité) et à ce moment, il pense que son corps est déjà entré dans une lumière cosmique.

En général, le pratiquant taoïste, lorsqu’il atteint la quatrième étape, pense qu’il a atteint l’illumination et que seuls ceux qui y sont arrivés par cette méthode peuvent parler à leur Dieu, et tout semble incroyable. Ils pensent aussi qu’ils ont compris le sens de la vie et que leur pratique est réelle. C’est pourquoi ils croient qu’ils sont venus à l’illumination.

Pour en revenir à notre thème principal, est-ce le vrai moi ? Cette énergie primordiale est-elle le vrai moi ? Est-ce le dharmakaya ?

Les méthodes que nous avons mentionnées semblent être les enseignements du Bouddha, car le bouddhisme parle aussi de méditation. Mais analysons un peu, car on ne peut tirer de conclusion aussi vite.

Dans les quatre premiers volumes du Samyuktagamasutra, le Bouddha a expliqué à tous ses disciples que si un objet ou une forme quelconque se trouve dans le passé, le présent ou le futur, qu’il soit grossier ou fin, beau ou laid, qu’il soit loin ou proche, vous devez le considérer comme un produit de Mara (démon en sanskrit). Et si une personne peut ressentir un objet (ou une forme), si elle peut penser, cela veut dire que son corps doit nécessairement être actif (processus) ou qu’elle peut analyser cet objet à travers sa conscience. Tout cela est considéré comme un produit de Mara.

Vous êtes dans un état de respiration très calme, dans un état où il semble n’avoir aucune souffrance, vous semblez voler. Dans cet état d’énergie primordiale, je vous demande : êtes-vous conscient de votre état ou non ? La réponse est certainement que vous êtes conscient. Car si vous n’êtes pas conscient, comment pouvez-vous passer à l’étape suivante ? Si vous êtes conscient, alors vous avez déjà pensé, maintenant je me demande, dans cet état : avez-vous des sentiments ou non ? Bien sûr, parce que vous pouvez sentir que dans cet état vous semblez voler, ce qui signifie que vous pouvez sentir, et si vous avez un sentiment, vous êtes donc conscient (et votre conscience mentale est donc toujours active).

Pour arriver à ce niveau, la personne doit pratiquer le développement énergétique et pratiquer le Chi Kung (Qi-Gong), ce qui signifie qu’elle doit utiliser son corps pour un certain processus. Et votre corps a-t-il une forme ou non ? Bien sûr, et votre conscience mentale veut s’en tenir à cet état, se fondre dans l’énergie cosmique, ce qui signifie que vous avez aussi une conscience.

Revoyons les choses : il y a la forme, il y a la pensée, il y a le sentiment et il y a la conscience. Regardons à présent ce que le Bouddha dit dans le Sutra de Samyuktagama : nous devons considérer ces méthodes comme un produit du Mara. Cela veut donc dire que la manière de pratiquer n’a rien à voir avec l’enseignement du Bouddha. Ce genre de pratique consistant à cultiver l’énergie primordiale n’est qu’un état transitoire, ce n’est pas le vrai moi.

Bouddha savait déjà que les gens diraient cela, alors dans le Mahayanaparinirvanasutra, au chapitre 30, il y a quelques personnes (non-bouddhistes) qui ont cru que la pratique consistant à cultiver l’énergie céleste et à fusionner avec le ciel permettait d’atteindre l’illumination. Le Bouddha a donc dit que ce genre de discours était un discours non bouddhiste.

Si une personne, par le biais de la méditation, parvient à trouver un pouvoir surnaturel, mais ne sait pas ce qu’est le tathagatagarbha, cela ne signifie pas qu’elle est devenue illuminée car tout le pouvoir sur la nature vient du pouvoir du tathagatagarbha : il ne vient pas d’une énergie de l’espace cosmique, et la pensée de rencontrer une telle énergie. Cela aussi est une sorte d’illusion.

Si vous trouvez ce genre de personne, elle prétend être illuminée. Même s’ils ont un pouvoir surnaturel, quand leur vie sera terminée, ils devront sûrement renaître dans les trois voies inférieures, car l’énergie cosmique est une simple imagination, elle n’a rien à voir avec le dharmakaya.

Dans ce type de pratique, une personne peut facilement devenir chaman, parce qu’elle est toujours en contact avec les esprits, et parce que cela a aussi un impact sur sa vie future. Il est très difficile de elle de quitter cet état, et il peut être influencé de telle sorte que cela lui nuise. J’ai un ami qui, en pratiquant ce genre de choses, a su entrer en contact avec un esprit. Lorsqu’il a voulu devenir un pratiquant bouddhiste pour recevoir les préceptes des bodhisattvas, l’esprit qu’il a contacté n’était pas d’accord. Son corps physique, a reçu beaucoup de mauvaises influences en moins d’une semaine, il a perdu au moins de dix kilos. Il a eu également plusieurs fois des vertiges dans la pharmacie où il travaille, puis a perdu beaucoup d’énergie pour seulement dire au revoir à cet esprit. C’est une vraie affaire, je ne vous trompe pas.

J’espère que cet article sera utile et aidera les gens à savoir ce que signifie l’enseignement du Bouddha, qui n’a rien à voir avec la méthode de la recherche de l’énergie primordiale, et j’espère que vous viendrez un jour pratiquer le vrai bouddhisme avec nous.

Amitofo.