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Les trois mondes et le fruit de la libération

La libération est l’élimination du moi et de tout ce qui lui appartient dans les trois mondes.
Dans le dernier article nous avons introduit la question de la réalisation dans le bouddhisme. Dans cet article nous allons expliquer les liens entre les trois mondes, les six chemins de la réincarnation et le fruit de la libération. Pourquoi parlons-nous des trois mondes et des six chemins? Parce que nous, les êtres sensibles, vivons tous dans ces trois mondes et progressons à travers ces six chemins de la réincarnation.

Tout d’abord, nous devons comprendre à quoi ressemble le monde dans lequel nous vivons. Nous devons connaître l’endroit où nous sommes dans le monde du dharma afin de savoir quoi faire et où aller ensuite. Ainsi nous devons connaître les liens entre les trois mondes, les six chemins de la réincarnation et le fruit de la libération. Jetez un coup d’œil à cette représentation graphique, s’il vous plaît.

Les liens entre les états, les karmas et les fruits des trois mondes et des trois chemins et tathagatagarbha. (voir le dessin)

Sur ce graphique nous pouvons voir les corrélations entre les états des trois mondes et des six chemins de la réincarnation, et les karmas et le fruit de la libération correspondants. Par ailleurs, le graphique indique également leurs relations avec tathagatagarbha.
Derrière ces relations se trouve tathagatagarbha. En regardant le graphique, vous devriez garder à l’esprit que les trois mondes et les six chemins de la réincarnation dépendent des causes et des conséquences du monde ordinaire, tandis que la réalisation du fruit de la libération dépend des causes et des conséquences du monde surnaturel et que la formation de ces causes et de ces conséquences est assurée par tathagatagarbha.

Les trois mondes sont le monde du désir, le monde de la forme et le monde sans forme. Les six chemins de la réincarnation sont l’enfer, les esprits affamés, les animaux, les humains, les asuras et les devas. Traditionnellement on considérait ces six chemins comme appartenant uniquement à la catégorie du monde du désir, donc en parlant du véhicule humain et du véhicule céleste nous ne parlons très souvent que du monde du désir.

Si nous parlons de la libération, nous devons nous concentrer sur les devas en détail. Outre les asuras dans les cieux et les devas, il y a, en fait, les devas des quatre dhyanas dans le monde de la forme, à savoir les devas du premier dhyana, les devas du deuxième dhyana, les devas du troisième dhyana et les devas du quatrième dhyana.
Au-delà de ces devas, il y a les devas du monde sans forme, y compris les devas de l’espace infini, les devas de la vijnana infinie, les devas du néant et les devas du ni perception ni non-perception.

La libération dont nous parlons est la libération du cycle de la réincarnation dans les trois mondes et les six chemins.
D’abord, voyons comment les karmas déterminent l’orientation dans les trois mondes et les six chemins. Nous pouvons savoir que le chemin vers lequel nous serons orientés karmiquement dans la prochaine vie dépend ce que nous avons fait dans cette vie-ci. Prenez par exemple le niveau le plus bas, l’enfer ; c’est le fruit karmique que l’on obtient pour avoir commis les cinq crimes odieux et les dix mauvais karmas. Les cinq crimes odieux sont le parricide, le matricide, le meurtre d’un arhat, la destruction de la sangha et le versement du sang du Bouddha (les gens ne peuvent pas tuer le Bouddha, car le Bouddha possède des mérites, des vertus et une puissance énormes).

Si quelqu’un commet ces crimes, il se retrouvera en enfer parce que la bienveillance envers les êtres sensibles des parents, des arhats, des bouddhas et de la communauté de la sangha est la plus grande. Si quelqu’un offense une personne qui l’aide et qui le traite gentiment, il tombera en enfer. Ceci est dû au fait que le tathagatagarbha, sur la base de ce karma, aidera à conduire l’être sensible en enfer sans que ce dernier l’ait voulu spécialement.

Si quelqu’un, emporté par une violente colère, produit ainsi un karma très négatif, il descendra dans l’enfer du feu violent parce que ce qu’il a fait correspond au feu. De même, si quelqu’un est impitoyable, il se retrouvera dans l’enfer gelé.

Car tathagatagarbha, sur la base de nos actions mentales et karmiques, nous aidera à renaître dans celui des six chemins auquel nous correspondons. Au-dessus de l’enfer vivent les esprits affamés. Contrairement aux êtres sensibles se trouvant en enfer pour avoir commis les cinq crimes odieux et les dix mauvais karmas, les esprits affamés n’ont pas de nourriture depuis qu’ils sont nés en raison de leur grave karma d’avarice.

Au-dessus des esprits affamés se trouvent les animaux. Comme nous pouvons le constater, le karma des êtres sensibles dans le chemin des animaux est la stupidité. Leur karma de stupidité est grave. Prenons en exemple les chiens et les chats: normalement il nous prendra beaucoup de temps pour leur enseigner une aptitude et parfois, ils ne parviendront même pas à la maîtriser. Par conséquent, nous pouvons apprendre que les êtres sensibles qui se trouvent dans le chemin des animaux, sont stupides à cause de leur grave karma de stupidité.
En termes d’évolution et de la complexité biologique, les chats et les chiens sont classés parmi les organismes supérieurs. En comparaison avec les chats et les chiens, les organismes inférieurs dans le chemin des animaux ont un karma de stupidité beaucoup plus grave, étant dans la difficulté de discerner et de comprendre toutes sortes de choses dans le monde.

Maintenant, passons aux êtres humains. Nous pouvons nous réincarner en tant qu’êtres humains grâce au karma pur du respect des préceptes. Nous, les humains, nous savons qu’il est immoral de nous entretuer. Contrairement à d’autres animaux, les humains ne s’entretuent pas dès qu’ils se retrouvent en confrontation parce qu’ils ont un sens de la moralité. Les êtres sensibles seront capables de naître en tant que devas car ils ont pratiqué les dix actions vertueuses. Si quelqu’un s’énerve facilement, il deviendra un asura dans les cieux. Et si quelqu’un peut contrôler son tempérament et en plus supporter l’humiliation, il deviendra un être céleste parmi les devas du monde du désir.

Ce sont les êtres sensibles dans les six chemins qui ont une interaction proche avec les humains. Ils sont visibles et tangibles pour nous. Prenons par exemple les devas : les êtres célestes interagissent avec les humains car ils veulent que plus de gens soient nés en tant que devas pour qu’ils puissent s’amuser avec eux. Par conséquent, ils espèrent que les humains puissent pratiquer les dix actions vertueuses de sorte qu’il y ait de plus en plus de gens qui deviennent leurs parents ou leurs proches. Afin d’atteindre cet objectif, ils vont descendre dans le monde humain pour aider les gens à apprendre les dix actions vertueuses.
Un autre type d’êtres sensibles qui interagissent avec les gens sont les esprits affamés, parce que leurs ressources matérielles sont rares et qu’ils ont une vie très dure ; ainsi, ils veulent interagir avec les gens dans l’espoir de se voir offrir de la nourriture et des boissons. Faisons la distinction entre les êtres célestes et les esprits. S’ils nous enseignent de bonnes choses et ne nous demandent pas de leur offrir de la nourriture et des boissons, ce sont des êtres célestes. Par contre, s’ils nous aident, mais qu’ils nous demandent en retour de leur offrir de la nourriture et des boissons, ce sont des esprits. En général, ils demandent de la viande en retour de leurs services, par exemple du poulet, du canard, du bœuf ou de l’agneau, une nourriture qui n’intéressent pas les êtres célestes. Les devas n’aiment pas la viande car les ressources dont disposent les dieux dans les cieux sont de loin meilleures que celles du monde humain. Par conséquent, pour les êtres célestes la viande que nous mangeons est aussi puante et dégoûtante que, pour nous, le sont les matières fécales mangées par les asticots. Nous pouvons difficilement considérer les excréments en tant que nourriture. De même, les êtres célestes ne considéreront pas la viande du poulet, du canard et des autres animaux comme de la nourriture. Cependant, les esprits affamés aiment ces aliments, car leurs ressources matérielles étant si rares et si mauvaises ils sont même capables de manger des excréments, de l’urine, du sang et des larmes humains. Ils aiment ces aliments en raison de l’absence de ressources matérielles chez eux.

Ainsi, en nous basant sur la nourriture qu’ils mangent, nous pouvons faire une distinction claire entre les êtres célestes et les esprits affamés. Maintenant que nous savons que les esprits affamés vivent dans des conditions pires que les humains et que leur sagesse est inférieure à celle de l’homme, nous ne devons pas croire à leur enseignement et leurs conseils parce qu’ils manquent de mérites, de vertus et de la sagesse. Ce que nous pouvons faire pour eux, c’est de leur offrir de la nourriture.

Maintenant, passons aux devas du monde de la forme, et plus particulièrement aux devas du premier dhyana. Ces devas se trouvant au ciel du premier dhyana ont besoin du karma de la pratique du samadhi (concentration méditative). S’ils veulent approfondir leur éducation et leur pratique, ils devront éliminer le karma du corps physique. Pour atteindre le samadhi du deva du monde de la forme, ils ont dû éliminer tous les attachements au monde du désir. L’attachement le plus évident au monde du désir est l’attachement à la nourriture et aux boissons. Dans le monde du désir il existe certaines nourritures très raffinées comme le nectar (amrita) et le désir sexuel. Si quelqu’un veut être réincarné en tant que deva du monde de la forme, il doit éliminer le désir de manger et de boire, ainsi que le désir sexuel. En éliminant ces désirs il atteindra le premier dhyana et même le deuxième. En conséquence, si nous voulons juger si quelqu’un a un quelconque niveau de réalisation du dhyana, nous pouvons voir s’il a éliminé l’attachement au monde du désir ou pas. C’est le principe de base dans le monde du dharma.
Par conséquent, en éliminant l’attachement au monde du désir, les moines (śramana) et les brahmanes se réincarnaient dans le monde de la forme. Ils étaient même capables de se réincarner dans le monde sans forme dès qu’ils avaient éliminé l’attachement à leur corps physique. Mais, peu importait où ils se retrouvaient, ils continuaient toujours à naître et à mourir dans le cycle de la réincarnation et dans les trois mondes parce qu’ils avaient un fort attachement au moi, ce qui les empêchait de se libérer du cycle de la réincarnation.
Et maintenant, voyons ce que nous entendons par « libération ». En ce qui concerne cette question de la libération, c’est un karma qui ne peut être réalisé en se trouvant dans les trois mauvais chemins. Comme nous pouvons le voir, il n’y a pas de libération dans les trois mauvais chemins. Et en ce qui concerne le monde humain? Si une personne ne veut pas tomber dans les trois mauvais chemins, elle doit se tourner vers les trois joyaux (Bouddha, Dharma, Sangha) et garder les cinq préceptes (ne pas tuer, ne pas voler, éviter l’adultère, ne pas mentir et ne pas boire d’alcool). Sans cela elle tombera facilement dans les trois mauvais chemins.

Si une personne veut réaliser le fruit de la libération dans le monde humain, elle doit d’abord rompre les trois nœuds. En rompant ces trois nœuds la personne va atteindre le premier fruit de la libération – le fruit de srotaapanna.

Les fruits de la libération des arhats sravaka:

  1. Pour atteindre le premier fruit de la libération – le fruit de srotaapanna, la personne doit rompre les trois nœuds.
  2. Pour atteindre le second fruit de la libération – le fruit de sakridagamin, la personne doit avoir moins d’avarice, moins de colère et moins d’ignorance.
  3. Pour atteindre le troisième fruit de la libération – le fruit d’anagamin, la personne doit éviter l’attachement au monde du désir.
  4. Pour atteindre le quatrième fruit de la libération – le fruit d’arhat, la personne doit éliminer l’attachement aux trois mondes.

Qu’appelle-t-on les trois nœuds? Rompre les trois nœuds, c’est d’abord éliminer ses malentendus sur la nature du vrai moi, puis se débarrasser des idées fausses sur les préceptes et enfin, en troisième lieu, éliminer les points de vue sceptiques au sujet de la réalité. Aujourd’hui nous n’allons pas discuter le contenu des trois nœuds; un autre professeur les expliquera en détails dans un prochain article.

Après avoir atteint le premier fruit par la rupture des trois nœuds, la personne peut se libérer du cycle de la réincarnation en transmigrant sept fois entre le monde humain et le monde des deva. Si elle veut atteindre le second fruit, la personne doit maîtriser l’attachement au monde du désir et, en fin de compte, l’éliminer. De cette manière, elle obtiendra le deuxième fruit et obtiendra le fruit de la libération totale, si elle naît encore une fois dans le monde humain. Si la personne élimine l’attachement au monde du désir, elle atteindra le premier dhyana. Si elle peut atteindre le premier dhyana, la personne renaîtra en tant qu’un deva du monde de la forme et elle ne mangera plus de la nourriture humaine. On réalise le premier dhyana après avoir éliminé le désir sexuel, donc dans le monde de la forme la personne se nourrira de la joie procurée par le samadhi et aura un corps neutre dépourvu d’organes sexuels.

Si quelqu’un a éliminé ses malentendus sur la nature du vrai moi et a réalisé le premier dhyana, il atteindra le troisième fruit. Nous n’allons pas aborder dans cet article la question de savoir comment éliminer l’attachement au monde du désir et comment avancer vers le deuxième et le troisième fruit, car d’autres professeurs en parleront en détails dans un prochain article.

Par conséquent, celui qui a atteint le troisième fruit, c’est-à-dire qui est devenu anagamin, est resté loin de l’attachement au monde du désir et ne renaîtra plus dans le monde humain après sa mort, tandis que celui qui a atteint le deuxième fruit renaîtra une fois de plus dans le monde humain après sa mort.
Celui qui a atteint le quatrième fruit est déjà capable de se libérer. Il est devenu un arhat et peut donc se libérer dans cette vie. Autrement dit, il doit éliminer l’attachement au monde du désir, au monde de la forme et au monde sans forme. S’il peut éliminer tous les attachements aux trois mondes, il sera en mesure de se libérer des états des trois mondes.

Il existe trois catégories d’arhats ayant obtenu le quatrième fruit:

  1. L’arhat avec la libération par la sagesse, connu aussi comme le libérateur limité par le temps.
  2. L’arhat avec la double libération, connu aussi comme le libérateur non limité par le temps.
  3. L’arhat avec les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels, connu aussi comme le sravaka suprême.

L’arhat avec la libération par la sagesse est connu aussi comme le libérateur limité par le temps car sa libération, l’entrée en nirvana, est confinée dans le temps et qu’il n’est pas capable de se libérer immédiatement de la transmigration dans le cycle de la réincarnation dans les trois mondes. Pourquoi? Parce qu’il n’a pas entièrement maîtrisé les quatre dhyana et les huit samadhi. Sans cette maîtrise, il n’est pas capable d’abandonner immédiatement son corps physique, c’est-à-dire de mourir. En fait, celui qui a obtenu le troisième ou le quatrième fruits doit avoir un certain niveau de samadhi (concentration méditative) parce que sa réalisation le met dans un état qui correspond à l’état où l’on se trouve dans le monde de la forme et le monde sans forme. Il est en outre au-delà du monde du désir. Ainsi, nous comprenons que la sagesse et le samadhi doivent être acquis dans la pratique et l’apprentissage du bouddhisme. En ce qui concerne le samadhi, notre association a publié un livre intitulé Nostalgie de Bouddha sans apparence, écrit par le vénérable Xiao Pingshi. Ce livre présente une manière simple et claire pour pratiquer le samadhi. Pratiquer la nostalgie de Bouddha sans apparence nous permet d’éviter de s’attacher à des images, des sons et des mots. Si quelqu’un s’attache à des images, des sons et des mots, il risque d’attirer facilement les esprits. Par conséquent, beaucoup de gens qui ne sont pas au courant de cela seront facilement possédés et perturbés par les démons lors de la pratique du samadhi.

Pour remédier à ce problème, notre vénérable maître, Xiao Pingshi, a spécialement créé cette méthode appelée Nostalgie de Bouddha sans apparence. Elle permet de pratiquer le samadhi en toute sécurité sans images, sons ou mots. Si vous voulez pratiquer le samadhi, soyez les bienvenus dans nos centres d’enseignement où vous pouvez obtenir ce livre gratuitement. En ce qui concerne le contenu du samadhi, un autre professeur vous le présentera dans un prochain article.
Revenons sur l’arhat avec la libération par la sagesse: nous avons dit qu’il est un libérateur limité par le temps. Par conséquent, il a besoin de faire avancer sa pratique et de réaliser les quatre dhyanas et les huit samadhis. Après avoir complètement maîtrisé les quatre dhyanas et les huit samadhis, il sera capable d’atteindre le samadhi de la cessation. Autrement dit, en plus des quatre dhyanas et des huit samadhis pratiqués par les écoles non bouddhiques, il doit acquérir aussi le samadhi de la cessation. Après avoir atteint le samadhi de la cessation, il est capable de se libérer à tout moment. Le libérateur non limité par le temps peut choisir librement le moment de se libérer. Contrairement à l’arhat avec la libération par la sagesse qui a besoin d’attendre pour se libérer, l’arhat avec la double libération peut décider du moment de sa libération, c’est-à-dire de l’abandon de son corps ou encore de sa mort sur la base de son niveau de samadhi.

Par exemple, lorsqu’il est confronté à une vie difficile, l’arhat avec la libération par la sagesse sera incapable de se libérer immédiatement ; il aura donc à supporter ces conditions difficiles jusqu’à sa mort. En comparaison, l’arhat avec la double libération peut choisir de mourir sans délai et à tout moment sur la base de sa sagesse et de son niveau de samadhi. C’est ce qu’on appelle la libération non limitée par le temps.
Parmi ceux qui se libèrent grâce à l’école sravaka, l’arhat qui possède les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels, est considéré comme ayant le niveau le plus élevé. Les trois perspicacités sont la perspicacité des yeux divins, la perspicacité de la connaissance des vies antérieures et la perspicacité de l’extinction des ennuis. Les six pouvoirs surnaturels sont les yeux divins, les oreilles divines, la connaissance des pensées d’autrui, la connaissance des vies antérieures, le libre mouvement du corps et l’extinction des ennuis. Le non bouddhiste ne peut maîtriser que les cinq premiers pouvoirs surnaturels. Il est incapable de maîtriser l’extinction des ennuis. Qu’est-ce que c’est? Il s’agit des ennuis des trois mondes. S’il peut détruire tous les ennuis dans les trois mondes, il va acquérir le pouvoir surnaturel de l’extinction des ennuis.
Il existe une différence entre les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels. Prenons l’exemple de la perspicacité des yeux divins et du pouvoir surnaturel des yeux divins: les non bouddhistes comme les śramana et les brahmanes peuvent aussi maîtriser le pouvoir surnaturel des yeux divins et l’utiliser pour observer les phénomènes dans le monde du dharma, mais ils sont incapables de connaître les causes et les conséquences derrière ces phénomènes. Si une personne est capable de connaître la causalité, elle possède des perspicacités. Dans le cas contraire, elle peut avoir au mieux les pouvoirs surnaturels. Par exemple, un non bouddhiste avec le pouvoir surnaturel des yeux divins a vu une fois un poisson dans le fleuve et il a observé qu’après sa mort ce poisson s’est réincarné dans le monde des devas; du coup, il a cru que ce poisson a pu devenir un deva car il s’est trempé dans l’eau. Par conséquent, il a mis en place un précepte appelé « le précepte de l’eau », selon lequel on doit se tremper tous les jours dans l’eau (par ex. dans le Gange) afin de ne pas renaître dans le monde humain et obtenir la libération en naissant dans le monde des devas. Cependant il s’agit d’un lien de cause à effet erroné. Une personne avec la perspicacité des yeux divins observerait que le poisson a pu se réincarner après sa mort dans le monde des devas car le karma qui l’avait contraint à s’incarner en animal s’était épuisé. En raison de ses karma vertueux non encore réalisés d’être un être céleste, le poisson s’est réincarné après sa mort dans le monde des devas. Donc la personne avec la perspicacité est capable de tirer la conclusion correcte selon laquelle la raison qui fait que le poisson s’est réincarné dans le monde des devas était ses anciens dix karmas vertueux et non le fait qu’il s’était trempé dans l’eau.
Par conséquent, la différence entre les perspicacités et les pouvoirs surnaturels réside dans le fait que la personne connaît la causalité derrière un phénomène ou pas. Avec les perspicacités, la personne connaîtra la causalité derrière un phénomène de sorte qu’elle ne sera pas trompée par ce phénomène. Du coup, l’arhat avec les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels connaîtra tout dans les trois mondes et les six chemins. Ayant connu complètement les états des trois mondes et des six chemins, il peut certainement atteindre la libération finale.

Dans le Samyukta Agama, Vol.12, il est dit que l’arhat atteindra le dharma inconditionné à l’avenir. Bien que l’arhat atteindra le dharma inconditionné (qu’il entrera en nirvana) à l’avenir, il peut déjà observer tous les états des trois mondes et des six chemins et éliminer davantage tout attachement et désir envers les trois mondes et les six chemins. Il sait donc qu’il est sûr d’atteindre la libération finale à l’avenir. Par conséquent, l’arhat avec les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels atteint la libération en utilisant la méthode de réalisation.

Maintenant nous comprenons que la réalisation de l’arhat peut être différente et supérieure ou inférieure. Par exemple, la réalisation de l’arhat avec la libération par la sagesse est inférieure à celle de l’arhat avec la double libération, laquelle à son tour se trouve en-dessous de celle de l’arhat avec les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels. Mais même la réalisation de l’arhat avec les trois perspicacités et les six pouvoirs surnaturels reste inférieure à celle dans le grand véhicule, c’est-à-dire à celle des bodhisattvas. Arrêtons-nous ici ! Dans l’article suivant, nous parlerons des quatre nobles vérités.