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L’impermanence


Ainsi ai-je entendu, le Bouddha était assis parmi tous ses disciples, quand un roi se présenta à lui. Ce dernier souhaitait comprendre le mystère de la vie et de la mort.

« Laisse-moi t’expliquer la vie et la mort par une parabole, lui répondit le Bouddha. Après quoi, tu pourras y réfléchir par toi-même.

Cela remonte à des temps fort anciens. Quelqu’un marchait à travers bois lorsque des éléphants très agressifs se mirent à le poursuivre. Il tenta de leur échapper en se jetant dans un puits qui se trouvait sur son chemin. Mais, pour éviter qu’il ne tombât tout au fond, il se raccrocha à la racine d’un arbre qui avait transpercé les parois du puits. Or, il se trouvait que deux rats, l’un blanc et l’autre noir, étaient en train de se délecter de cette même racine, que quatre serpents venimeux répartis d’un bout à l’autre du puits ne songeaient qu’à mordre le promeneur, et qu’un dragon d’une grande cruauté, au fond du trou, attendait lui-même son heure. L’homme était effrayé à l’idée de se faire mordre ou manger par les créatures qui l’environnaient.

Par ailleurs, l’une des branches de l’arbre portait un nid d’abeilles dont la production de miel débordait tant que quelques gouttes tombèrent sur sa bouche. Cela le rassura tant et si bien qu’il espéra recevoir encore un peu de ce nectar dans son gosier. Aussi agita-t-il la racine à laquelle il était accroché, afin que l’arbre, frémissant un peu, permît au miel de tomber dans sa bouche. Ce fut alors qu’un feu commença d’embraser l’arbre…

« Mais, enfin, demanda le roi, pour quelle raison cette personne souffre-t-elle autant ? Au lieu de chercher une solution pour sortir de cette situation, elle s’attache au plaisir de goûter un peu du miel que les abeilles lui cèdent…

– Laisse-moi t’expliquer à présent cette parabole, répondit le Bouddha. Les éléphants, ici, sont une allégorie de l’impermanence. La vaste forêt est l’ignorance. Le puits symbolise la vie et la mort. La racine est la durée de vie. Le rat blanc et le rat noir sont le jour et la nuit. Les quatre serpents sont les quatre éléments (l’eau, la terre, le feu et l’air). Le miel est le désir qui vit dans le cœur des hommes. Le feu est la maladie, et le dragon est l’enfer.

Songe bien, roi, que la vie est soumise à la maladie, au vieillissement et à la mort. Sache que, pour sortir du cycle des réincarnations, il faut que les cinq désirs (l’attachement à la fortune, au plaisir sexuel, à la réputation, au plaisir de manger et de boire, et au sommeil) cessent d’être tes guides. Plus tu t’y attacheras, plus la souffrance grandira en toi. »

Après que le roi eut entendu ces paroles du Bouddha, il le salua et le remercia, puis s’engagea à mieux comprendre la vie et la mort et à permettre à la vérité de guider désormais sa vie.