(Jataka)
Un pratiquant très riche et très généreux alla un jour au marché et vit exposée une tortue qui était à vendre pour en faire, sans doute, une soupe. Il eut envie de l’acheter pour lui sauver la vie et le marchand en profita pour en augmenter énormément le prix. Notre pratiquant l’acheta toutefois et, en voyant qu’elle avait des cicatrices, la garda chez lui et la soigna, avant de la ramener au bord de la mer et de la laisser partir.
Quelque temps après quelqu’un frappa à sa porte. Le pratiquant l’ouvrit et vit la tortue. Elle lui dit par la pensée qu’il y aurait un tsunami et lui demanda de préparer un petit bateau pour se sauver. Le pratiquant alla en informer le roi qui la crut et fit déplacer tous ceux qui habitaient au bord de la mer et à la montagne, et notre pratiquant prépara un bateau.
Effectivement, peu de temps après arriva une grande vague. La tortue apparut alors et guida ce pratiquant et son bateau pour qu’il retrouvât la terre ferme. Sur le chemin ils rencontrèrent un serpent et le pratiquant le sauva en le prenant sur son bateau. Ensuite il vit un renard et le sauva aussi. Plus tard le pratiquant vit un homme qui était en train de se noyer. Il voulut le sauver, mais la tortue lui dit :
« Je peux lire dans la pensée des autres et je t’assure que cette personne n’est pas honnête : il vaut mieux de ne pas la sauver ! »
Néanmoins, le pratiquant lui répondit :
« Je dois le sauver ! »
Quand ils arrivèrent sur la terre ferme, tous remercièrent notre pratiquant et partirent à l’exception de l’homme, qui resta avec lui.
Peu de temps après, le renard trouva un trésor qui contenait beaucoup de pièces d’or. Voulant en faire profiter son sauveur, il alla voir notre pratiquant et lui montra l’emplacement de tout cet or.
Le pratiquant prit l’argent en disant qu’il voulait l’utiliser pour aider les pauvres. Mais l’homme qu’il avait sauvé lui dit soudainement:
« Moi, je veux la moitié ! »
Le pratiquant lui proposa dix kilos d’or, mais l’homme resta ferme et répéta :
« Je veux la moitié ! »
Le pratiquant lui dit alors :
« Cet argent servira à aider les pauvres. Tu ne penses qu’à toi et pour cette raison, je ne te donnerai rien. »
Cet homme alla alors calomnier le pratiquant devant les autorités en prétendant que cet argent avait été volé à l’Etat. Notre pratiquant se retrouva alors en prison.
Le renard et le serpent apprirent ce qui s’était passé. Le reptile pensa qu’il fallait absolument sauver le pratiquant. Il réussit à entrer dans la prison. Il alla voir son sauveur et lui fit cette proposition :
« J’irai mordre le prince et personne et rien ne pourra le sauver. Le seul remède est l’herbe que je viens de poser à côté de toi. Il faut que tu dises à tout le monde que tu es le seul qui puisse sauver le fils du roi. »
Et effectivement le serpent mordit le prince et le roi promit à celui qui sauverait son fils le poste de premier ministre. Alors le pratiquant proposa son aide et le roi le nomma premier ministre.
Un jour le roi lui demanda :
« Comment as-tu pu trouver ce médicament et sauver mon fils ? »
Le pratiquant, étant très honnête, lui dit toute la vérité et le roi punit l’homme qui avait calomnié son sauveur.
Ensuite il demanda au pratiquant :
« Pourquoi as-tu autant de compassion envers les autres ? »
Et le pratiquant de lui dire :
« Rien de ce qui apparait n’est durable, et la seule chose qui est impermanente est le vrai moi. Toute la générosité que l’on a semée donnera des fruits un jour parce que le vrai moi stocke tout. Si on n’est pas attaché aux bons fruits karmiques et que l’on continue à pratiquer la générosité, un jour on deviendra un bouddha. »
Le roi était très riche, mais il n’avait jamais rien donné à quiconque à cause de son avarice. Pourtant, après avoir écouté les paroles de notre pratiquant, il devint généreux et partagea son argent avec son peuple. Tous étaient contents et une grande harmonie s’instaura dans ce royaume.
Maintenant nous pouvons vous dire que notre pratiquant était le Bouddha Shakyamuni dans l’une de ses vies passées. Le roi était Maitreya Bodhisattva et la tortue était Ananda, le frère du Bouddha. Le renard était Sariputra et le serpent – Moggallana : tous deux disciples du Bouddha. En ce qui concerne l’homme malhonnête, c’était son cousin Devadatta.
Nous pouvons conclure à propos de cette histoire que, pour arriver au niveau de bouddha, nous devons pratiquer la générosité pendant de nombreuses vies et avoir toujours une conduite juste. Mais avant tout, la condition sine qua non est d’avoir une connaissance juste : savoir que chacun de nous a son vrai moi. Sans cette connaissance juste nous aurons beaucoup du mal à adopter une conduite juste. Cette existence du vrai moi est la raison pour laquelle tous nos actes auront des conséquences tôt ou tard. Ainsi, il ne faut pas hésiter à faire une bonne action même si elle parait insignifiante, et il faut éviter même la plus petite mauvaise action.
AMITOFO.