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Notions de base du bouddhisme

En toute humilité j’aimerais apporter mon point de vue de ce qu’est le bouddhisme afin d’aider le lecteur occidental qui, d’un côté, se sent attiré par cet enseignement, mais d’un autre a tout le mal du monde à comprendre même les notions de base. Cette difficulté est due au fait que les textes sacrés bouddhistes ont été très mal traduits et que beaucoup de professeurs, et surtout les lamas et les rinpochés (gourou tibétain) du bouddhisme tibétain, ont senti le besoin de ne pas trop froisser les croyances de leurs élèves occidentaux afin de pouvoir continuer à profiter de leurs contributions financières. C’est bien dommage, mais c’est comme ça !


Il me faut préciser par ailleurs qu’il existe des textes des maîtres illuminés qui expliquent très bien l’enseignement du Bouddha et par conséquent, mon texte n’a que le but modeste de présenter quelques points de base dans un langage adapté à ceux qui, du fait d’être nés en Occident, ne sont pas du tout familiers avec le bouddhisme et qui sont souvent dotés d’un esprit purement cartésien. De ce fait, mon but n’est pas de persuader le lecteur de croire dans le bouddhisme, mais plutôt de l’informer la nature des croyances bouddhistes sans lesquelles on est complètement en dehors de l’enseignement du Bouddha. Ceci est nécessaire afin de permettre au lecteur de s’orienter dans la multitude de textes et d’enseignements existants, en sachant que même des maitres hindouistes, tantristes ou autres qui n’ont rien à voir avec le bouddhisme, se permettent parfois de citer soi-disant le Bouddha et de le faire participer dans des histoires complètement inventées dans le but de justifier leur propre enseignement.

1. La réincarnation.

Nul ne peut se prétendre bouddhiste et nier la réincarnation.

Pourquoi?
En fait, c’est très simple : le but de l’enseignement du Bouddha est de se libérer du cycle de la réincarnation et par conséquent, c’est absurde d’essayer de se libérer de ce cycle en ne croyant pas en son existence. Par ailleurs, la réincarnation est mentionnée dans une multitude de textes sacrés: on y parle notamment des vies antérieures de certains protagonistes pour leur expliquer les raisons de leur situation actuelle. En d‘autres mots, il s’agit de leur karma, ce qui nous amène naturellement au point 2.

2. Le karma.

Nul ne peut se prétendre bouddhiste et nier l’existence du karma.

Mais c’est quoi le karma au juste?
Le concept en soi est simple: il s’agit du lien entre une cause et une conséquence. Ou plus concrètement tout ce qui nous arrive est causé par les pensées, paroles et actes que nous avons effectués par le passé. Nos actes sont les « graines » (les causes) et lorsque les conditions sont favorables, alors les « fruits » (les conséquences) seront présentés.
Il est important de souligner que cela ne laisse aucune place au hasard qui nous est tellement cher, à nous, les occidentaux : nos pensées, nos paroles et nos actes sont la raison de tout ce que nous sommes – pauvre ou riche, beau ou laid, vivre longtemps ou mourir jeune, et ainsi de suite.
En même temps il ne s’agit pas non plus d’une fatalité, tout au contraire: du point de vue bouddhiste, en agissant de la façon juste, nous sommes capables de modifier notre propre karma et de nous diriger vers la bouddhéité ; ou encore à chaque difficulté rencontrée il nous appartient d’apporter la bonne solution et de transformer de la sorte notre karma d’une manière positive.
Par exemple, pour qu’une graine donne un fruit, il y a des conditions nécessaires comme la lumière du soleil, le sol et l’eau. Si nous avons semé la même graine de pêcher à deux endroits avec des conditions différentes (la lumière du soleil, le sol et l’eau) les fruits présentés seront très différents. Autrement dit, en modifiant les conditions nous obtenons des fruits différents.
Par conséquent, la pratique du bouddhisme consiste à accepter nos karmas passés et à essayer de diminuer ou mitiger les mauvais fruits karmiques en changeant les conditions!
Pourquoi faut-il insister sur la réincarnation et le karma qui sont d’ailleurs liés, vu que la raison pour la réincarnation, c’est justement le karma accumulé?
Parce que le bouddhisme n’est pas une thérapie psychique ou une approche psychologique, même si d’un point de vue « moderne » et surtout occidental il est très tentant de le classifier ainsi. Le bouddhisme est extrêmement profond et va bien au-delà de tout ce que peut nous proposer la psychologie scientifique. Essayer de donner des explications sur l’enseignement bouddhiste en se basant sur des connaissances en psychologie est assez risqué et limitant.
Dans le bouddhisme nous parlons d’une transformation complète ce qui nous amène vers le point 3.

3. Les préceptes.

Nul ne peut se prétendre bouddhiste et bafouer les préceptes.

En fait, c’est quoi les préceptes ?
Ce sont les règles que les bouddhistes respectent afin d’avancer sur le chemin vers la bouddhéité.
Ils sont nombreux, mais ceux de base incluent une interdiction de tuer, de mentir, de voler, de mener une vie adultère et de consommer des boissons alcoolisées, du tabac ou encore de la drogue.
Il est très important de comprendre que ces règles doivent être respectées en toutes circonstances et surtout par les « grands » maitres, les lamas et les rinpochés. Malheureusement dans de nombreux cas les représentants du bouddhisme tibétain bafouent ces règles – il y a deux exemples qui me viennent à l’esprit: d’un côté le Dalaï-lama avec sa consommation de viande, et d’un autre le Trungpa rinpoché tristement connu pour ses abus sexuels et sa consommation excessive d’alcool et de tabac.
Rappelons-nous que le karma est le résultat de nos pensées, paroles et actes et par conséquent, le fait de consommer de la viande c’est-à-dire contribuer à tuer des animaux ou se livrer à des abus sexuels aura des conséquences très lourdes. Comme il ne s’agit pas que d’une approche psychologique ces actes porteront leur fruit indépendamment du niveau « spirituel » prétendu ou encore du niveau de méditation. D’ailleurs il serait très étonnant que quelqu’un qui n’arrive pas à dompter ses pulsions et respecter les règles de base arrive à obtenir un bon niveau de concentration – ce n’est que très peu probable.
D’ailleurs, tous les enseignements qui se vendent bien en ce moment en Occident comme le tantra ou certains mélanges entre l’hindouisme et d’autres religions ne proposent qu’une approche psychologique. Cela ménage l’esprit cartésien, et puis il est beaucoup plus facile de s’imaginer des choses et développer des raisonnements erronés que d’essayer de pratiquer réellement et de modifier son comportement au quotidien, c’est-à-dire de s’attaquer à ses mauvaises habitudes.
Or, c’est la seule façon de pratiquer vraiment le bouddhisme et il ne faut surtout pas s’imaginer qu’en se concentrant sur un point sur son corps (ou chakra comme l’appelle la modernité) ou en répétant un mantra tel que « Om », on avancera sur le chemin du Bouddha.

Conclusion :

Il est important de comprendre que le bouddhisme nous apprend comment vivre afin que nous puissions nous libérer de nos mauvaises habitudes et atteindre le nirvana, sortir du cycle de la réincarnation. Il s’agit d’un engagement très sérieux qui demande beaucoup d’efforts, et nous ne pouvons en aucun cas prendre les choses qui nous plaisent et ignorer ou nier ce qui nous parait difficile. Procéder de la sorte est une manière sûre de ne pas avancer et surtout de devenir victime des charlatans parce qu’il existe suffisamment de personnes sans scrupules qui nous diront toujours ce que nous avons envie d’entendre afin de profiter de nous.
Il ne s’agit pas non plus d’un exercice d’analyse psychologique ou d’autohypnose, ou plutôt tout ceci n’est qu’une partie infime de l’enseignement. En effet, aujourd’hui il existe des gens dont les besoins sont satisfaits et qui mènent une existence relativement tranquille comparée surtout à ce qui se passe dans d’autres parties du monde. Il n’empêche que parfois ces gens se sentent malheureux jusqu’à sombrer dans la dépression, et alors ils se mettent à chercher une pratique miraculeuse, souvent orientale, qui leur apporterait le bonheur tant convoité. C’est à ces gens que j’aimerais dire que le bouddhisme peut les aider, mais qu’il ne s’agit pas d’une formule magique ou des propos « apaisants » et fantaisistes d’un gourou, tel que : « C’est Dieu qui agit à travers nous et donc il ne faut pas s’énerver parce que c’est Lui le responsable et pas nous », mais d’une pratique de tous les jours qui nous amènera vers la vérité du monde, qui devra être prouvée par tout un chacun personnellement. C’est la seule manière d’être sûrs que ce que nous faisons est vraiment juste. Cette pratique passe évidemment par un respect des préceptes, et il est nécessaire de garder toujours en tête le but ultime: se libérer du cycle de la réincarnation, c’est-à-dire de la souffrance, et aider tous les êtres sensibles à faire de pareil.

Amitofo.