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Sur la dévotion et la fidélité


Dharmapadavadana Sutra Vol.1

Il était une fois un grand fleuve dans la partie sud-est de la ville de Shravasti, sur les rives de laquelle vivaient plus de cinq cents familles. Tous ces gens n’avaient jamais entendu parler de moralité ou d’aider les autres, mais étaient habitués à tromper, avides de profits et extrêmement téméraires dans leurs actions.

Le Bouddha, qui cherchait constamment ceux qui avaient déjà accumulé suffisamment de mérites dans leurs vies passées pour être libérés dans leur vie actuelle, découvrit que les membres de ces familles étaient prêts pour recevoir son aide et vint s’asseoir sous un grand arbre au bord du fleuve.

Lorsque les gens du village virent le Bouddha dans son apparence majestueuse et rayonnante, ils furent surpris et émerveillés. Ils se rendirent tous auprès de lui pour lui témoigner leur respect, lui faire des offrandes ou le louer, et pour lui demander : « Êtes-vous en bonne santé ? Êtes-vous à l’aise et confortable ? »

Lorsque le Bouddha vit toutes ces personnes venir à cet endroit, il commença à leur parler du dharma avec compassion. Cependant, bien qu’ils aient entendu la parole du Bouddha, ils en doutaient et n’étaient pas convaincus car ils étaient habitués à la tromperie et à l’arrogance. Les doutes dans leur esprit les rendaient donc incapables d’accepter le véritable enseignement du Bouddha.

Le Bouddha créa alors une autre personne au loin et la fit traverser le fleuve en marchant depuis la rive sud vers lui. L’eau n’atteignait que les chevilles de cette personne. Rapidement, cet homme arriva sur la rive et s’inclina devant le Bouddha, en lui témoignant beaucoup de dévotion et de respect.

Lorsque les villageois virent cela, ils furent frappés d’étonnement et se précipitèrent pour demander à cet homme :

« Nous n’avons jamais vu quelqu’un marcher sur l’eau sans se noyer. Quel pouvoir magique possèdes-tu qui te permet de marcher sur l’eau comme si tu marchais sur le sol ferme ? Nous aimerions savoir comment tu as fait. »

L’homme leur répondit :

« Je suis quelqu’un d’honnête qui vit sur la rive sud du fleuve. Je suis passionné par l’enseignement du Bouddha et en l’entendant parler ici, j’ai voulu tout de suite m’y rendre pour ne manquer rien de sa parole. Ne pouvant pas attendre, j’ai demandé à quelqu’un sur la rive sud :

« Je veux traverser ce fleuve, mais est-il profond ou pas? Comment puis-je faire ? ».

Cette personne me répondit :

« L’eau n’arrive qu’à hauteur de tes chevilles. Pourquoi ne pas simplement traverser l’eau à grandes enjambées pour atteindre l’autre rive ? »

J’ai mis entièrement ma confiance dans sa réponse et sans éprouver aucun doute, je suis parti à pied. Le fleuve ne m’arriva effectivement qu’aux chevilles. Il n’y a rien de mystique à tout cela : j’ai tout simplement cru et eu confiance en ce que cet homme m’a dit ! »

Alors le Bouddha dit : « C’est merveilleux ! C’est merveilleux ! Si une personne peut avoir la foi et comprendre le vrai enseignement du Bouddha, alors elle peut se libérer du cycle de la naissance et de la mort. Qu’y a-t-il de surprenant alors à traverser à gué ce fleuve, dont la largeur ne dépasse pas quelques kilomètres ? »

Puis le Bouddha prononça les versets suivants :

« Tant que l’on accepte le vrai principe enseigné par le Bouddha, on peut se libérer de la naissance et de la mort dans les trois mondes.

Tant que l’on adhère aux enseignements du Bouddha, on est comme un bateau qui a un capitaine et qui peut naviguer vers l’autre rive de la libération.

Tant que l’on s’applique à éviter les mauvaises actions au profit des bonnes vertus, et que l’on ne laisse pas son esprit vagabonder, on sera capable d’éteindre toutes sortes de grandes souffrances de la naissance à la mort.

Si nous sommes guidés par la sagesse, nous pouvons être libérés du courant profond de la réincarnation et arriver à l’autre rive de la libération.

Celui qui est capable de préserver et de maintenir le vrai dharma et de pratiquer selon une foi juste sera loué par les sages.

Celui qui espère et désire la voie du nirvana inconditionnel sera libéré de tous les obstacles et entraves.

Seuls ceux qui ont la bonne foi dans le dharma peuvent marcher sur le chemin de la bouddhéité, et ce n’est qu’en pratiquant le dharma de la bonne manière qu’ils peuvent atteindre la paix ultime de l’extinction totale.

Toutes les pratiques bouddhistes sont basées sur la sagesse acquise par l’écoute, la réflexion et la pratique. En s’appuyant sur la sagesse de l’enseignement bouddhiste, on sera en mesure de rompre l’ignorance de la pensée.

Pour atteindre la sagesse et avancer sur le chemin de la bouddhéité on a besoin de la vraie connaissance et de la foi et on doit maintenir les préceptes.

Ceux qui sont courageux et diligents sont capables de pratiquer la prajnaparamita. En s’appuyant sur la sagesse de prajna, ils peuvent être libérés du courant profond de la réincarnation et arriver au rivage ultime, où il n’y a ni naissance, ni mort. »

Après avoir entendu les enseignements du Bouddha et avoir été témoins de cette démonstration de la foi dans son dharma, les villageois ouvrirent leur esprit. Les racines de leur croyance furent ainsi renforcées et ils acceptèrent tous la parole du Bouddha avec une confiance totale. Ils lui demandèrent alors de leur enseigner les cinq préceptes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas entretenir de relations sexuelles inappropriées, ne pas mentir et ne pas boire d’alcool. Enfin, ils purent briser tous les doutes, développer la lumière de la foi pure et pratiquer diligemment de la bonne manière jour après jour en s’affranchissant de toutes les mauvaises pratiques du passé, de sorte que l’enseignement du Bouddha put se répandre progressivement dans cette région.