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Exemple d’un discours bouddhiste donné à l’occasion de funérailles

Selon le bouddhisme, la mort implique généralement la formation d’un bardo, qui est une sorte de corps de substitution créé par notre essence, notre « vrai moi » et qui ne survit environ qu’une période-limite de quarante-neuf jours, comme le corps humain survit à peu près cent ans.

Voici un exemple d’un discours adressé au bardo.

L’orateur commence par se présenter, puis affirme son désir, d’une part, d’aider la personne décédée à se réincarner sur la terre pure d’Amitabha Bouddha, d’autre part d’apporter une consolation à ceux qui ont perdu leur proche.
« Le bouddhisme conçoit huit consciences : cinq consciences correspondant aux cinq sens, manas, la conscience mentale et tathagatagarbha. Tathagatagarbha est appelé également vrai cœur. Il ne connaît point la naissance, ni la mort ; il est éternel. Il est en outre toujours propre et pur. Une autre de ses propriétés consiste à stocker en lui toutes nos pensées, paroles et actions passées sous la forme de graines karmiques qui, au moment où les conditions nécessaires pour cela seront réunies, prendront forme dans notre vie.
Ces graines ne disparaissent pas, et donneront toujours des fruits sitôt que les conditions seront présentes pour cela. Ainsi, vous le voyez, la loi du karma vous amènera nécessairement à retrouver tôt ou tard ceux que vous aimez et qui sont partis avant vous. Que ce soit dans votre prochaine réincarnation ou dans une autre, qu’importe, puisque votre tathagatagarbha, garant du cycle des réincarnations, veillera toujours à ce que vous vous retrouviez un jour prochain.
« A présent, Madame/Monsieur X qui êtes à ce jour décédé(e), je voudrais que vous disiez au revoir à ceux que vous aimez et qui pensent aujourd’hui à vous. N’ayez aucune crainte : cet au revoir doit résonner davantage comme un « à bientôt ! », puisqu’au regard du nombre infini des réincarnations qui dessine votre avenir immortel, votre séparation ne peut être que de très courte durée !
[Ici, nous laissons les gens se recueillir sur le cercueil, la tombe…]
A vous, Monsieur/Madame qui êtes parti, pensez bien que l’attachement est la mère de nos souffrances. Cette Terre où nous vivons ensemble est souillée, et la souffrance s’y déploie comme un monstre informe. La naissance est une souffrance, le vieillissement est une souffrance, la maladie est une souffrance, la mort est une souffrance, la colère, la séparation avec ceux que nous aimons, l’insatisfaction que nous éprouvons à n’avoir jamais définitivement ce que nous désirons, tout cela est souffrance. Le corps lui-même est source de souffrance. Mais, pensez-y, ces souffrances ont cause l’attachement.
Le Bouddha Sakyamuni évoqua souvent un autre bouddha : le Bouddha Amitabha, et la terre pure qu’il occupe. Cette terre est sublime : on y trouve d’innombrables fruits précieux, des piscines qui portent dans leur ventre d’eau sept sortes de trésors ; de l’eau y ruisselle qui contient huit sortes de vertus, lesquelles peuvent nous libérer de la souffrance. Pensez encore que les habitants de cette terre ne travaillent pas : qu’ils songent seulement à manger, à boire, à se loger, et ces choses leur apparaissent immédiatement. Ces habitants ne meurent pas et nul d’entre eux n’est contaminé par le vice, en sorte que nous pouvons être certains que, plus tard, ils se libèreront de la souffrance et sauront aider les autres à le faire eux-mêmes : ce seront de grands bodhisattvas.
Je souhaiterais vous dire encore bien des choses, mais le temps, hélas, nous manque. Je vous souhaite, Madame/Monsieur, de vous rendre sur la terre d’Amitabha Bouddha afin de pouvoir vous réaliser et de sortir de la souffrance qui vous enchaîne au cycle des réincarnations.
Mais je voudrais dire encore ceci : Madame/Monsieur, le Bouddha Amitabha avait prononcé quarante-huit vœux. L’un d’eux dit à peu près ceci : « si quelqu’un, ayant entendu mon nom et ayant mis sa confiance dans ma parole, désire se poser sur ma terre, il n’aura point besoin de prononcer plus de dix fois mon nom, et il y renaîtra. Je m’engage à n’être jamais un bouddha si une seule de ces personnes, ayant agi comme je l’ai indiqué, ne s’y retrouve pas. » Soyez certain, Madame/Monsieur, que le Bouddha Amitabha ne manquera pas à sa parole, étant déjà un bouddha.
J’invite maintenant vos amis à prononcer pour vous le nom d’Amitabha Bouddha, et à prier afin que vous puissiez être accueilli(e) sur sa terre pure. Je vous en prie, Madame/Monsieur, oubliez vos souffrances et fixez votre attention sur le nom d’Amitabha Bouddha ; alors il sera là pour vous.
[Ici, les personnes qui assistent à la cérémonie répètent le nom d’Amitabha Bouddha durant au moins dix ou vingt minutes, idéalement, deux heures.]
Madame/Monsieur, si vous êtes toujours parmi nous, je vous encourage à prononcer vous-même le nom d’Amitabha Bouddha.
Nous voulons, pour finir, retourner en votre faveur les bénéfices que nous avons pu accumuler en récitant ensemble le nom du Bouddha Amitabha. Si, en effet, quelques bénéfices en ont pu être obtenus, nous souhaitons qu’ils soient retournés à Madame/Monsieur X, ainsi qu’à tous les fantômes qui sont présents parmi nous et qui n’ont pas encore trouvé la force de partir. Nous voudrions que ces personnes renaissent sur la terre pure du Bouddha Amitabha et qu’elles l’y rencontrent, qu’elles y développent la sagesse de la libération, qu’elles s’affranchissent des souffrances et qu’elles puissent à leur tour propager aux êtres sensibles l’enseignement qu’elles y auront acquis. »