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Les cinq vertus que possède l’esprit d’un moine


(Sutra des six paramitas)

« Dans le passé, lorsque le Bouddha Shakyamuni était encore un bodhisattva qui pratiquait le Dharma, tout en vivant dans une forêt de montagne, il était toujours compatissant et bienveillant envers tous les êtres sensibles.

Il nourrissait constamment l’idée d’aider tous les êtres qui souffraient de la réincarnation sans fin dans les trois mondes. Un jour, alors qu’il était en train de méditer, il sentit une démangeaison : c’était un pou qui se nourrissait de lui. Cette distraction ne lui permettant pas de continuer sa méditation, il mit sa main sous ses vêtements et attrapa le pou. Rempli de pitié, au lieu de l’écraser il le posa sur un os d’animal desséché se trouvant à proximité. Le pou se nourrit de l’os pendant encore sept jours avant de mourir.

Après de nombreuses naissances et morts, ce bodhisattva devint enfin le bouddha que nous connaissons tous sous le nom du Bouddha Shakyamuni – celui qui diffusa les enseignements bouddhistes et contribua à libérer les êtres sensibles.

Un jour, il neigeait abondamment et il n’y avait personne sur la route. Une gentille famille locale accueillit le Bouddha et des milliers de moines, et leur fit des offrandes pendant sept jours dans un esprit plein de solennité et de respect. Dehors, la neige tombait toujours.

Tout à coup, le Bouddha dit à Ananda : « Rassemble les moines, nous retournons au monastère ! »

Ananda lui répondit : « Notre hôte est respectueux, sincère et dévoué. De plus, il neige toujours aussi abondamment et il n’y a nulle part où aller pour mendier de la nourriture. »

Mais le Bouddha lui dit : « Notre hôte n’a plus l’intention de nous faire des offrandes. »

Le Bouddha ramena ensuite le groupe de moines au monastère.

Le lendemain le Bouddha demanda à Ananda : « Passe devant cette maison où nous étions pour voir s’ils vont te donner quelque chose. »

Ananda suivit ses instructions et se rendit à nouveau devant la résidence de cette famille tellement généreuse. Cette fois, par contre, lorsque les gardiens le virent, ils l’ignorèrent complètement. Quand Ananda retourna au monastère, il se prosterna devant le Bouddha et lui rapporta ce qu’il avait observé.

Il lui demanda alors : « Comment se fait-il que leur générosité à notre égard ait été de si courte durée ? Comment se fait-il qu’ils aient changé d’avis si vite ? »

Le Bouddha lui raconta alors ce qui s’était passé tant de vies auparavant entre lui et le petit pou.

Le Bouddha continua :

« Ananda, guidé par ma grande compassion, j’ai aidé ce pou à survivre, en le mettant sur un os desséché où il a pu se nourrir pendant sept jours. Ainsi, aujourd’hui, j’ai pu recevoir la récompense pour mon acte bienveillant. Dans ma vie passée j’ai apporté mon aide à un être sensible, et dans cette vie j’ai reçu de l’aide pendant sept jours. Quand ce pou eut fini de me retourner les mérites de mon action, il n’a plus voulu faire d’offrandes. Pendant sept jours il a fait montre de compassion envers le Bouddha et les moines, et le mérite qui en découle est beaucoup plus grand que celui que j’ai eu, en sauvant ce petit pou. Il en est ainsi parce que les moines maintiennent les préceptes purs, n’ont pas de désirs et sont pleins de bonté à l’intérieur, et de miséricorde à l’extérieur. En respectant et en aidant un vrai pratiquant, vous pouvez obtenir des bénéfices qui sont infiniment plus grands que si vous aidez un être ordinaire. Pourquoi dis-je cela ? Parce que les moines portent les sutras dans leur cœur et maintiennent les préceptes ; ils gardent leur concentration, possèdent la sagesse, obtiennent la libération et, surtout, ils ont les connaissances justes qu’ils transmettent aux autres. Avec ces cinq mérites ils guident les êtres sensibles pour que ces derniers puissent sortir de la souffrance des trois mondes. »

De cette histoire nous pouvons comprendre que les trois trésors du bouddhisme sont très précieux. Les enseignements bouddhistes apportent aux êtres sensibles la sagesse de la causalité (la compréhension du karma) et la sagesse de la libération, leur permettant ainsi de se libérer rapidement du cycle de la naissance et de la mort ou, au moins, de savoir comment adhérer aux vrais préceptes et avoir un comportement juste pour pouvoir espérer une meilleure vie future. Les occasions de rencontrer un bouddha sont rares, les chances d’entendre son enseignement ne sont pas élevées, et la possibilité de faire des offrandes à un moine se présente aussi peu souvent que celle de voir la fleur d’udumbara[1]. Par conséquent, nous ne devrions pas facilement renoncer à la chance de pratiquer le bouddhisme.


[1] Plante dont les fleurs disparaissent quelques dizaines de secondes après leur éclosion et qui sont, par conséquence, très difficiles à observer.