Le Sutra de Lankavatara, Vol. 2 :
Le Bienheureux[1] répondit : « Non, Mahamati, mon tathagatagarbha n’est pas le même que l’ego enseigné par les philosophes, car ce que les Tathagatas[2] enseignent, Mahamati, c’est le tathagatagarbha qui est le vide, qui est absence de signe et absence de désir ».
Remarques :
Dans ce sutra, le Bouddha déclare que le tathagatagarbha qu’il a exposé, est nettement différent de la notion de « moi » des non-bouddhistes. Le tathagatagarbha est parfois appelé vacuité, absence de signe ou absence de désir, termes utilisés pour décrire sa nature intrinsèque et les caractéristiques de son dharma. Les notions de vacuité, d’absence de signe ou d’absence de désir renvoient au samadhi de libération, lequel peut se manifester sous deux formes distinctes :
- le samadhi de vacuité, d’absence de signe et d’absence de désir concernant les dharmas basés sur les agrégats, les objets de sens et les éléments,
- le samadhi de vacuité, d’absence de signe et d’absence de désir basé sur le tathagatagarbha.
Les dharmas des cinq agrégats, des douze objets des sens et des dix-huit éléments sont les objets observés par les shravakas[3]. Ces pratiquants observent l’impermanence des cinq agrégats, qui finiront par disparaître et devenir vides. La même observation s’applique aux dix-huit éléments et aux six entrées. Comme tous les objets observés sont impermanents et finiront par devenir vides et dépourvus d’existence, pour les shravakas, c’est une « absence de signe ». Cette absence de signe, c’est-a-dire cette impermanence, conduira à l’absence de désirs, et l’absence de désirs conduira à son tour à la cessation du manas[4]. En raison de la cessation du manas, il n’y aura pas de nouvelle naissance après la mort puisqu’il n’y aura pas de moi qui pourra renaître. C’est ainsi qu’on atteint le samadhi de libération du petit véhicule.
En revanche, pour observer et pratiquer le samadhi de libération, les bodhisattvas du mahayana s’appuient sur la huitième conscience, le tathagatagarbha. Sa nature est vide, elle est dépourvue de toute forme ou caractéristique des trois mondes, et n’a pas d’apparence. C’est la raison pour laquelle nous l’appelons parfois la vacuité. Lorsque notre esprit conscient[5] réalise et reconnaît l’existence de cette vacuité, il affirme que la conscience mentale est impermanente et devient finalement vide, de même que tous les dharmas conditionnés. Nous (l’esprit conscient) pouvons donc affirmer que le tathagatagarbha ne s’attachant pas aux cinq agrégats, aux douze objets de sens et aux dix-huit éléments, sera libre de tout désir. Par conséquent, nous atteindrons le samadhi de libération du grand véhicule.
Après avoir compris les aspects susmentionnés des trois samadhis du mahayana et des trois samadhis du hinayana, les pratiquants peuvent se rendre compte que ces derniers sont aussi basés sur le tathagatagarbha sans lequel ils seront impossibles à atteindre. Cependant, la compréhension des arhats[6] semble moins profonde parce qu’ils ne connaissent pas l’existence du tathagatagarbha qui leur permet d’entrer en nirvana sans reste. De son côté, le tathagatagarbha dont la nature est vide mais qui, en même temps, fait apparaitre toute existence, peut être appelé le « vrai moi », ce qui le distingue du faux moi du manas et de la conscience mentale.
[1] Le Bouddha.
[2] Les Bouddhas.
[3] Les pratiquants de hinayana.
[4] La septième conscience.
[5] La sixième conscience.
[6] Les pratiquants suprêmes du hinayana.